Des cellules de crise ont été mises en place par l'Organisation mondiale de la santé afin d'endiguer une épidémie de pneumonies atypiques qui survient actuellement dans au moins trois pays asiatiques : Hong Kong, Singapour et le Vietnam. Près d'une centaine de cas ont été signalés dans ces pays et ils ont été à l'origine d'au moins un décès à Hong Kong. Il s'agissait d'un homme d'affaires américain qui, après avoir voyagé à Shanghaï, en Chine, a été hospitalisé à Hanoi pour une pneumopathie et a dû, en raison d'une aggravation de son état, être transféré vers Hong Kong, où il est décédé. A Hanoi, le 14 mars, 34 personnes étaient déjà infectées - dont 30 salariés de l'hôpital français. Parmi lesquels quatre sont dans un état considéré comme critique. L'hôpital a fermé ses portes depuis le 11 mars.
L'épidémie semble encore essentiellement circonscrite au personnel soignant des hôpitaux des trois pays en cause, mais l'OMS manque encore de données pour d'autres pays, notamment la Chine.
Les médecins de l'OMS cherchent à établir s'il existe une relation entre cette épidémie, dont la cause n'a pas encore été identifiée, et une grippe d'origine inconnue qui a fait 5 morts et touché 305 personnes le mois dernier dans le sud de la Chine.
Une équipe du SAMU envoyée à Hanoi
Le Pr Lucien Abenhaïm, directeur général de la Santé, fait le point, pour « le Quotidien », sur cette épidémie de pneumonies atypiques qui sévit dans les pays du Sud-Est asiatique et, en particulier, au Vietnam.
LE QUOTIDIEN
Doit-on déconseiller aux Français de se rendre dans les pays du Sud-Est asiatique ?
Pr LUCIEN ABENHAIM
A l'heure actuelle, en accord avec l'Organisation mondiale de la santé, nous n'avons pas émis de recommandations visant à limiter les voyages dans ces pays.
Dans ce cas, quelles précautions doivent être prises en cours et au retour du voyage ?
En l'état actuel des connaissances - l'origine précise de cette épidémiologie restant encore inconnue -, il est conseillé à toute personne se rendant dans cette région de consulter un service d'urgences médicales si elle présente des signes d'infection grippale ou de pneumopathie. Au retour en France, de telles mesures doivent aussi s'appliquer.
Nous avons fait parvenir à l'ensemble des services d'urgences des hôpitaux français un texte de recommandations pour la prise en charge de tels patients (encadré). Ils doivent être tenus de façon systématique en isolement et être traités après prélèvements bactériens et viraux par un antiviral (Tamiflu ou Relenza).
Actuellement, aucun cas n'a été recensé en France.
Des mesures ont-elles été prises pour les membres de l'hôpital français de Hanoi ?
Les personnes qui ont travaillé ou séjourné dans cet hôpital et qui sont actuellement sur le territoire français ont fait l'objet d'un suivi particulier : prélèvements nasal et mises en culture, arrêt de la pratique médicale en attendant les résultats de l'examen et interdiction de prendre les transports en commun. En outre, une équipe du SAMU s'est rendue sur place le 14 mars afin d'évaluer l'état clinique du personnel et des patients traités. Une prise en charge sur place ou un rapatriement sanitaire pour les personnes les plus atteintes sont prévus dans les jours qui viennent.
Les recommandations de l'OMS diffusées par la DGS
Les cas « probables » sont définis comme des personnes présentant une poussée fébrile, des myalgies et un ou plusieurs symptômes respiratoires, ainsi que des signes de pneumonie à la radiographie pulmonaire ou un syndrome de détresse respiratoire aiguë de l'adulte. Ils doivent, en outre, avoir voyagé en Chine continentale, à Hong Kong ou Hanoi dans les deux semaines précédant le début des signes ou avoir été en contact avec un cas « probable ».
Ces patients doivent être hospitalisés en isolement. Les médecins doivent procéder à une recherche diagnostique (prélèvement de gorge ou naso-pharyngé pour un test de diagnostic rapide de la grippe et des autres virus respiratoires, cultures virales, autres tests viraux par PCR et recherche de Chlamydia et mycoplasmes), à une surveillance de la NFS et de la radiographie pulmonaire. Le traitement est fonction du tableau clinique.
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