Trois laboratoires - l'un à Francfort en Allemagne, l'autre à Hong Kong en collaboration avec un laboratoire de Harvard, et un troisième à Singapour - ont annoncé avoir isolé sur des prélèvements bactériologiques de patients atteints de SARS (Severe Acute Respiratory Syndrome) un virus qu'ils ont qualifié de paramyxovirus-like. Le Dr Klaus Stöhr, médecin expert à l'OMS, a confirmé qu' « en microscopie électronique, des image proches des virus connus dans la famille des paramyxovirus ont été découvertes. Mais il est impossible, en l'état actuel des connaissances d'incriminer un virus précis ».
Les prélèvements ont été transmis à des laboratoires américains, néerlandais et au Laboratoire P4 de Lyon afin de tenter une identification plus précise.
Le Pr François Freymuth, virologue à l'hôpital de Caen précise au « Quotidien » que « cette famille de virus contient deux sous-famille - les pneumovirinae tels que le pneumovirus et le métapneumovirus et les paramyxovirinae (virus parainfluenza, virus ourlien et virus de la rougeole). Mais il est vraisemblable qu'elle contient aussi un grand nombre de virus encore inconnus dont les particularités ne pourront être déterminés que par une analyse virologique poussée ». On ne connaît, à l'heure actuelle, aucun traitement efficace sur cette famille de virus mais on dispose de vaccins contre la rougeole et les oreillons.
L'exemple des virus Nipah et Hendra
Deux membres des paramyxovirus ont fait perler d'eux au cours des dix dernières années : le virus Nipah, à l'origine d'épidémies d'encéphalites en 1999 à Singapour et en Malaisie, et le virus Hendra, responsable de syndromes de détresse respiratoires aiguës en Australie. « Néanmoins, il est trop tôt pour incriminer l'un de ces deux virus dans l'épidémie de SARS qui survient actuellement dans le sud est asiatique », précise le Pr Freymuth.
L'Organisation mondiale de la santé estimait mercredi que le SARS apparu en Asie était en bonne voie d'être circonscrit à travers le monde en dehors du Vietnam, de Hong Kong et de la Chine. David Heymann, directeur exécutif de l'OMS a souligné qu' « aucun cas de transmission secondaire n'a eu lieu depuis que l'alerte globale a été lancée la semaine dernière ». Les mesures strictes d'isolement des patients semblent donc avoir porté leurs fruits et cette nouvelle paraît d'autant plus rassurante que les médecins de l'hôpital de Toronto, où l'un des 9 patients est décédé, ont signalé la contamination d'un compagnon de chambre de l'un des malades en moins de douze heures.
David Heymann a évoqué la possibilité d'un lien entre l'épidémie actuelle et celle qui est survenue entre novembre 2002 et février 2003 dans la province de Guangdong en Chine et qui avait été étiquetée par les autorités chinoises comme en rapport avec une infection à Chlamydia pneumoniae. Le directeur exécutif de l'OMS s'est félicité de la « pleine coopération » avec la Chine dans la surveillance de cette maladie.
Le décès d'un médecin français à Hanoi
Mercredi soir, des cas de SARS avaient été déclarés dans au moins 7 pays : la Chine et Hongkong, le Vietnam, Singapour, Taiwan, la Thaïlande, le Canada et l'Allemagne. Des cas suspects étaient en cours d'investigation en Australie, en Autriche, en Israël, en Grande-Bretagne, en Slovénie et en Suisse.
Le médecin français, un anesthésiste réanimateur de 65 ans, qui avait soigné le premier porteur de la maladie au Vietnam est décédé dans la nuit de mardi à mercredi à Hanoi. Il s'agit de la deuxième victime de la maladie au Vietnam après le jeune infirmière vietnamienne emportée samedi par la maladie.
En France, des cas signalés mais aucune certitude
En date du 1 mars, l'Institut de veille sanitaire avait reçu 69 cas de notification de patients en provenance d'Asie du Sud-Est présentant une symptomatologie grippale ou une pathologie respiratoire. Sur la base de l'évaluation clinique, radiologique, biologique et épidémiologique, 57 de ces cas ont pu être écartés. Douze autres étaient toujours en cours d'investigation au soir du 19 mars. Cependant, selon la DGS, « les information disponibles pour ses patients ne semblent pas en faveur de cas probables au sens de la définition du SARS ».
A l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, on signale que dans les deux sites référents parisiens (hôpital de la Pitié-Salpêtrière et hôpital Bichat), 10 patients ont été admis pour suspicion de SARS mais que 8 d'entre eux avaient déjà regagné leur domicile au soir du 19 mars. Les deux autres cas l'étaient eux aussi pas considérées comme probables.
Un bilan épidémiologique quotidien est disponible sur le site de l'InVS : www.invs.sante.fr
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature