R ADIOGRAPHIE standard, scanner - pour l'appréciation morphologique - et scintigraphie (examen fonctionnel fondé sur l'utilisation de traceurs radioactifs) ont longtemps été les seules techniques d'imagerie employées en pneumologie. L'IRM traditionnelle était en effet, jusqu'à présent, peu performante en matière d'imagerie pulmonaire. En effet, cette technique qui offre à la fois une grande résolution et qui permet aussi d'accéder à des informations fonctionnelles est fondée sur la visualisation des protons (noyaux d'hydrogène), donc, essentiellement, de l'eau. Or l'eau n'est présente qu'en quantité très limitée à l'intérieur des poumons.
Les protons dans l'air inspiré
Aujourd'hui, pour le Dr Hans-Ulrich Kauczor (Sheffield, Grande-Bretagne), « cet obstacle technique est franchi, et l'IRM est en passe de devenir une réalité en pneumologie ». Les techniques traditionnelles ont, en effet, été affinées, si bien que leur sensibilité est aujourd'hui telle qu'elles sont capables de détecter les faibles quantités de protons présentes dans l'air inspiré. Il faut ajouter que lorsque la quantité d'oxygène de l'air inspiré est majorée, les images obtenues sont de meilleure qualité et permettent de « distinguer aisément les zones des poumons qui fonctionnent normalement de celles qui ne contribuent pas à la fonction respiratoire globale ». Ces techniques faisant appel à l'oxygène ont pour avantage d'être peu coûteuses et peu complexes, mais les images dynamiques qu'elles procurent sont encore difficilement exploitables avec les machines existantes.
Dans ce contexte d'amélioration des techniques d'IRM, de nouveaux moyens de contraste - gazeux, notamment - ont été développés. Après inhalation, ils remplissent la cavité pulmonaire et permettent de visualiser la distribution des masses d'air lors de la respiration.
D'un point de vue clinique, des essais sont en cours afin d'évaluer l'intérêt du développement de techniques non protoniques, faisant appel soit à des gaz inertes (hélium 3 ou xénon 129), soit à des gaz fluorés, tels que l'hexafluorure de soufre.
Le poumon du fumeur
Une étude pilote menée sur 10 sujets a permis de montrer que l'IRM à l'hélium 3 hyperpolarisé est utile pour déceler des variations de ventilation, indétectables selon les techniques de mesure traditionnelles, chez des sujets fumeurs. Ces altérations de la ventilation sont spécifiques du tabac et se révèlent totalement indépendantes du nombre de cigarettes fumées. Pour les Drs Kauczor et Schreiber, « la pratique de ce type d'IRM pourrait permettre de dépister les 20 à 25 % de fumeurs à haut risque chez lesquels la fumée entraîne une inflammation sévère des voies aériennes ».
« European Respiratory Journal », vol. 17, n° 5, mai 2001.
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