Si les risques de petits poids de naissance et d'anomalies congénitales sont augmentés, la majorité des enfants nés d'une technique de procréation médicalement assistée restera toutefois indemne de complications. En donnant une appréciation globale des risques potentiels des techniques de PMA, les deux études publiées dans le « New England Journal of Medicine » établissent aussi que la probabilité de donner naissance à un enfant de poids normal à l'issue d'une grossesse unique est de 94 % et celle d'avoir un enfant indemne de toute malformation est de 91 %.
Les techniques médicales d'aide à la procréation comprennent l'insémination artificielle et la stimulation de l'ovulation. Plus invasives sont les techniques avec manipulation externe des gamètes, incluant la FIV et l'injection intracytoplasmique de cellule spermatique (ICSI). Les succès en PMA sont assortis d'une augmentation importante du nombre de grossesses multiples et, de ce fait, des petits poids de naissance (inférieurs à 2500 g).
Petit poids de naissance
L'étude de Laura A. Schieve et coll.* (CDC d'Atlanta), pour la première fois, permet de savoir que les technologies de reproduction augmentent le risque de petit poids de naissance chez les enfants issus de grossesses uniques. Tel était le propos des auteurs en comparant le taux de poids de naissance bas (< 2500 g) et très bas (< 1500 g) dans une cohorte de 42 463 enfants conçus à l'aide de techniques d'assistance à la reproduction (en 1996 et 1997) et chez 3 389 098 enfants nés aux Etats-Unis en 1997. Au total, 23 % des 137 000 procédures ont donné lieu à des naissances vivantes et 57 % des accouchements étaient multiples.
L'augmentation du risque de bas poids de naissance est estimée à 2,6, comparée à la population générale, pour les naissances uniques à terme. Les auteurs déclinent la responsabilité des grossesses multiples, après un correctif pour ce paramètre. D'ailleurs, ils ne décèlent pas d'augmentation du nombre des petits poids de naissance dans le groupe des naissances multiples après PMA.
Chez les jumeaux, ce risque est identique à celui de la population générale. « Les enfants conçus par technologies reproductives représentent 0,6 % des enfants nés de mères de plus de 20 ans en 1997, mais 3,5 % des petits poids de naissance et 4,3 % des très petits poids de naissance », relatent-ils. Comme le risque de faible poids de naissance est trouvé élevé pour des grossesses menées par des femmes apparemment en bonne santé, les auteurs attribuent une responsabilité à l'utilisation des technologies plus qu'aux causes de l'infertilité.
Les anomalies congénitales
Le travail de Michèle Hansen et coll.** (Australie) a consisté à recenser les anomalies congénitales entre 1993 et 1997 à partir de données combinées recueillies sur des registres de naissances en Australie de l'Ouest.
Ils distinguent la part des PMA, dans le groupe desquelles se sont produites 9 % des naissances anormales, comparativement à 4,2 % chez les mères qui ont conçu de manière naturelle. Les anomalies sont recensées autant dans les grossesses multiples que simples.
Vingt-six des 301 bébés conçus par ICSI (8,6 %) et 75 des 837 conçus par FIV (9 %) présentaient un défaut majeur diagnostiqué à l'âge de 1 an.
En comparant avec les 168 cas trouvés chez 4 000 enfants conçus de manière naturelle, et après ajustement pour l'âge et la parité, cela donne un odds ratio de 2, pour l'ICSI comme pour la FIV, pour des défauts graves incluant des anomalies chromosomiques et des défauts musculo-squelettiques.
Les observateurs qui publient ces études n'identifient pas les raisons de l'excès de risque. Ils ne nous permettent pas de distinguer la part des défauts à l'origine de l'infertilité, celle des produits administrés ou des techniques elles-mêmes. Les études qui portent sur les techniques de PMA font rarement une description détaillée des critères d'éligibilité sur lesquels les procédures sont indiquées. Ils tendent certainement à s'élargir. Le nombre des FIV a augmenté de 37 % aux Etats-Unis entre 1995 et 1998. Nous devons supposer que ces publications reflètent le risque des couples dans le milieu des années quatre-vingt-dix, et les projections que l'on peut faire à partir de cela ne sont peut-être pas exactes, exprime un éditorialiste***. Nombre de couples qui maintenant se tournent vers ces techniques auraient sans doute pu concevoir un enfant de manière naturelle en attendant quelques mois supplémentaires.
« New England Journal of Medicine », vol. 346, n° 10, 7 mars 2002, * pp. 731-736 ; ** pp. 725-730 ; *** pp.789-790.
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