«NOUS AVONS identifié des combinaisons de variants génétiques qui prédisent un risque de cancer de la prostate multiplié jusqu'à cinq fois», souligne le Dr David Reich, généticien à la Harvard Medical School (Boston) et principal investigateur de l'une des trois études. «Les combinaisons à haut risque, autant que les combinaisons à faible risque, sont fréquentes dans les populations. Le dépistage clinique de ces variants pourrait nous aider à identifier les hommes qui sont prioritaires pour le dépistage précoce du cancer de la prostate et pour les efforts de prévention», écrit-il.
L'année dernière, l'équipe islandaise de deCODE genetics (Reykjavik), dirigée par Kari Stefansson, découvrait sur le chromosome 8p24 une variation génétique associée au cancer de la prostate. Trois équipes ont réanalysé plus finement la région.
Les Afro-Américains.
L'équipe islandaise a identifié un second variant dans la région 8p24 qui, conjointement avec le premier variant identifié, se montre responsable de 11 à 13 % des cancers de la prostate chez les individus d'origine européenne et de 31 % des cas chez les Afro-Américains. Le deuxième variant à risque est relativement rare chez les individus d'origine européenne (de 2 à 4 %) mais fréquent chez les Afro-Américains (42 %) et est associé à un cancer de la prostate survenant à un âge précoce.
Une deuxième équipe, dirigée par David Reich (Harvard Medical School, Boston), a identifié, dans la région 8p24, sept variants, dont cinq non encore décrits jusqu'ici, qui confèrent indépendamment une susceptibilité au cancer de la prostate dans des populations américaines de cinq origines ethniques différentes : africaine, japonaise, hawaïenne, hispanique et européenne.
Dans cinq populations différentes.
La troisième équipe, dirigée par Stephen Chanock et Gilles Thomas, du National Institutes of Health (Bethesda), a découvert qu'un des variants décrits par David Reich et coll. est associé à un risque accru de cancer de la prostate dans cinq populations différentes.
Selon Reich et coll., ces variants pourraient expliquer jusqu'à deux tiers des cancers de la prostate chez les Afro-Américains (68 %) et jusqu'à un tiers des cancers chez les Américains d'origine européenne (32 %).
Aucune de ces variations génétiques liées à un risque accru de cancer de la prostate ne modifie la séquence codante d'une protéine.
Une hypothèse émise par les chercheurs est que ces variants pourraient collectivement favoriser l'amplification de cette région du chromosome 8, un événement souvent observé dans les tumeurs de la prostate.
«Les grands effets des allèles dans plusieurs populations démontrent l'importance de la région 8q24 dans le cancer de la prostate», conclut l'équipe de Reich.
Il est maintenant prioritaire, ajoutent-ils, «de mieux élucider comment la variation génétique de la région 8q24 contribue au risque, et de comprendre le mécanisme biologique par lequel ces variants conduisent au cancer».
« Nature Genetics », 1er avril 2007, Gudmundsson et coll., Haiman et coll., Yeager et coll., DOI : 10.1038/ng1999, DOI : 10.1038/ng2015, DOI : 10.1038/ng2022.
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