LA SPOROTRICHOSE est une maladie fungique rare qui survient lors de l'inoculation traumatique d'une substance contaminée par Sporothrix schenkii. L'infection est habituellement limitée à la peau et au tissu sous-cutané. En général, la sporotrichose est liée à des piqûres provoquées par des épines de buisson. Plus rarement, elle est associée à des griffures ou à des morsures d'animaux, notamment des chats domestiques. On sait pour l'instant peu de chose sur la transmission par les chiens et les chats.
A Rio de Janeiro, l'Evandro Chagas Clinical Research Institute est le centre de référence des maladies infectieuses. Depuis 1998, cet institut a reçu un nombre croissant de cas de sporotrichose survenus chez des humains, des chiens et des chats demeurant à Rio de Janeiro ou les environs. Entre 1986 et 1997, 13 cas de sporotrichose humaine ont été rapportés dans ce centre. A partir du début de 1998, le nombre de cas s'est rapidement accru, si bien que, entre 1998 et 2004, 759 cas ont été observés chez des humains ; parmi ces personnes, 83 % ont rapporté un contact avec des chats qui avaient une sporotrichose comme facteur de risque. Et parmi eux, 56 % ont rapporté des morsures ou des griffures de chat.
Forme lymphocutanée, le plus souvent.
Le plus souvent, ces personnes ont présenté la forme classique, lymphocutanée, mais des présentations plus rares ont aussi été observées, notamment des lésions cutanées étendues et des lésions primaires des conjonctives et de la muqueuse nasale. On a également observé des associations avec un érythème noueux et un érythème polymorphe.
Les réponses au traitement par itraconazole oral (100 mg/j) ont été bonnes et les effets secondaires ont été rares. Des patients qui étaient également infectés par le VIH ont eu une sporotrichose systémique ou une sporotrichose cutanée ; certains d'entre eux ne sont même pas devenus malades après exposition à un chat infecté.
Pendant la même période, 64 chiens et 1 503 chats atteints de sporotrichose ont été traités dans cet institut.
La sporotrichose canine se présente principalement comme une mycose autolimitée, à évolution favorable sous traitement. Comme chez les humains, 85 % de ces chiens atteints avaient eu un contact avec des chats ayant une sporotrichose confirmée.
La sporotrichose féline a un large spectre de manifestations, allant de l'infection infraclinique à la maladie systémique sévère, avec dissémination hématogène de S. schenkii. Chez le chat, la sporotrichose précède toujours la survenue de la maladie chez le propriétaire et le chien du propriétaire. Le potentiel contaminant pour l'homme des chats infectés a été démontré par l'isolement de S. schenkii dans des prélèvements réalisés au niveau du nez et de la bouche des chats, dans des fragments de leurs griffes et, chez un animal, dans sa lésion cutanée.
Les voyageurs.
« Pour l'instant, on ne sait pas pourquoi la sporotrichose est devenue une zoonose à Rio de Janeiro et pourquoi elle a atteint des proportions épidémiques. Nous alertons les médecins de différentes spécialités et les vétérinaires travaillant ailleurs que dans la zone épidémique sur la possibilité qu'ils voient des voyageurs avec des manifestations typiques ou atypiques de sporotrichose », concluent les Brésiliens.
Armando Schubach, Tania Schubach et Monica Barros. « New England Journal of Medicine » du 15 septembre 2005, pp. 1185-1186.
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