Nous avons eu l'air fin avec ces militaires français que nous avons envoyés en Afghanistan et qui se sont retrouvés bloqués en Ouzbékistan par un régime sourcilleux sur sa souveraineté.
N'oublions pas les leçons de l'histoire récente. Dans ces pays d'Asie centrale, le régime des talibans était le plus féroce ; mais, pas plus que l'Alliance du Nord, les gouvernements des pays limitrophes ne sont angéliques. Les dirigeants ouzbeks se moquent bien de ce que nous acheminions une aide humanitaire ; et l'Alliance, qui doit pourtant ses succès militaires à l'Amérique, refuse que des forces étrangères s'installent en Afghanistan.
On serait ébranlé par ces manifestations d'indépendance si on ne savait pas que les chefs de l'Alliance n'obéissent à aucune règle et qu'ils ne sont pas immunisés contre l'intolérance. Sans compter que, dans le dialogue avec eux, l'argent constitue l'argument le plus persuasif.
Il a donc fallu dépêcher en Ouzbékistan Charles Josselin, ministre de la Coopération, chargé de débloquer la situation. Mais la France a mis la charrue avant les bœufs. C'est avant leur départ qu'il fallait s'assurer que les forces françaises seraient bien accueillies en Ouzbékistan et à Mazar-i-Sharif.
Le ridicule de cette mini-crise souligne la précipitation des dirigeants français, principalement Jacques Chirac, qui, s'il a adopté une attitude courageuse depuis le 11 septembre, espère en toucher les dividendes électoraux.
Et pourtant, la guerre civile qui ravage l'Afghanistan a une dimension beaucoup plus grande que les calculs franco-français. C'est-à-dire qu'il est urgent et primordial qu'arrive l'aide humanitaire en Afghanistan où les civils, quand ils ne périssent pas sous les bombardements, risquent de mourir de faim et de froid. Il est impératif que les réfugiés rentrent chez eux chaque fois que c'est possible. La tâche est immense, ne serait-ce que parce que l'Aghanistan, où on assassine couramment les journalistes, est livrée à l'anarchie. Heureusement, une conférence de toutes les tribus est prévue lundi en Allemagne. Mais ce n'est pas demain que Pachtounes, Tadjiks, Hazaras, Ouzbeks et autres se mettront d'accord pour la formation d'un gouvernement et des élections libres. D'autant que la guerre contre les talibans n'est pas finie et que son issue peut prendre encore du temps.
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