« On devrait voir arriver en France, à la fin 2014 ou en 2015, plusieurs agonistes des récepteurs du GLP1 longue action vraiment intéressants, qui devraient changer la donne dans le traitement du diabète de type 2, souligne le Pr Bruno Guerci, diabétologue au CHU de Nancy. Parmi ces molécules, le produit de référence reste le liraglutide, qui a une demi-vie de 13 heures avec une seule injection par jour. Mais quand on parle de GLP1 d’action prolongée, on évoque surtout ces molécules qui ne sont pas encore sur le marché et qui ne requièrent qu’une seule injection par semaine : l’albiglutide, le dulaglutide ou l’exenatide à libération prolongée ».
Au congrès de l’ADA, ces molécules ont fait l’objet de plusieurs présentations. « On a vu des études montrant le maintien de l’efficacité de ces molécules sur une durée de deux et trois ans, avec l’obtention d’un plateau d’équilibre glycémique assez intéressant, souligne le Pr Guerci. Ce sont des produits relativement simples d’utilisation par le patient même si au départ,il y aura, pour certaines de ces molécules, un encadrement éducatif à mettre en place pour le patient afin de reconstituer efficacement le produit à injecter. Cela pourrait nécessiter, l’intervention d’un infirmier à l’instauration du traitement. L’acceptabilité devrait être plutôt bonne avec cette utilisation une fois par semaine », indique le Pr Guerci, en reconnaissant que des interrogations se posent encore par rapport à l’observance. « On pourrait se dire qu’une intervention hebdomadaire devrait favoriser l’observance. Mais peut-être que certains patients auront plus facilement tendance à l’oublier qu’un traitement journalier ! Sur ce point, il va falloir des données complémentaires ».
Le Pr Guerci reconnaît qu’il existe des différences entre les molécules. « Mais globalement, on peut dire que, dans environ 50 % – et même 80 % des cas pour les molécules les plus puissantes, qu’elles soient prescrites en bithérapie ou trithérapie – on arrive à ramener l’HbA1c en dessous de 7 % sans augmenter le risque d’hypoglycémie. C’est intéressant car jusqu’à présent, baisser la glycémie avec des molécules hypoglycémiantes sans avoir de distinguo en fonction des périodes de la journée, posait le problème du risque hypoglycémique. Là, ce sont des molécules qui sont glucose-dépendantes. Elles ne font baisser la glycémie que lorsque celle-ci est élevée », indique le Pr Guerci.
Versus basale
« Il y a aussi des études qui ont positionné ces molécules comme des alternatives à une insuline basale, sur lesquelles on pourrait mettre de l’insuline prandiale au moment des repas en tenant du caractère plus ou moins hyperglycémiant de ces repas ». Plus simple à utiliser, car à doses fixes comparativement à l’insuline basale qu’il faut titrer selon la glycémie, l’efficacité de ces agonistes du récepteur au GLP1 d’action prolongée passe également par un effet favorable sur le poids avec une baisse de l’ordre de 4 kg.
Selon le Pr Guerci, la molécule la plus prometteuse est le dulaglutide. « C’est sans doute la plus puissante. Dans l’étude comparative récente dulaglutide versus liraglutide, la non-infériorité du produit à l’étude (dulaglutide) a été démontrée ce qui n’avait pas été le cas dans les études avec l’albiglutide ou l’exenatide d’action prolongée en comparaison au liraglutide ».
Le Pr Guerci estime que les généralistes devraient réserver un bon accueil à ces molécules. « Il y aura toutefois un message à faire passer aux patients qui ont en tête le fait que ce qui est injectable, c’est forcément de l’insuline, avec son cortège d’inconvénients que sont le risque hypoglycémique et la prise de poids. Ils devront donc se familiariser avec ces traitements injectables, d’une autre nature ».
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