L A profession exercée est un facteur déterminant de la consommation médicale (dépenses hospitalières et ambulatoires), qui s'élève sensiblement avec le milieu social.
C'est en tout cas ce que montre clairement une étude du CREDES (1), réalisée pendant l'année 1997. Les chiffres cités par cette étude, qui fait état d'une consommation moyenne de soins de 9 104 francs, sont inférieurs à ceux qui figurent dans les comptes nationaux de la santé, notamment dans la mesure où sont exclues de l'enquête du CREDES les personnes âgées placées en institution ou les personnes âgées hospitalisées pour une longue durée.
Selon l'étude du CREDES, quand un ouvrier qualifié dépense en moyenne 7 978 F par an tous soins médicaux confondus, et un employé, 10 914 F, les professions dites « intermédiaires » consacrent 11 115 F à leur santé, et les cadres et les professions libérales 11 563 F (voir graphique).
L'analyse du type de frais médicaux révèle également certains « réflexes » socioprofessionnels. Ainsi, à niveau de consommation médicale équivalent (environ 11 500 F par an), les agriculteurs se tournent davantage que les cadres vers des dépenses de soins de ville et moins souvent vers l'hospitalisation.
Dans le même registre, on constate que le niveau de revenu des ménages a une incidence directe sur l'accès aux soins des médecins spécialistes installés dans le secteur II (à honoraires libres).
Selon l'étude, « la part du dépassement dans la dépense en soins de spécialistes des personnes les plus riches est trois fois plus élevée que celle des personnes les plus pauvres ». Ainsi, quand un ménage dont le revenu mensuel est de 3 000 F par unité de consommation consacre en moyenne seulement 4 % de sa dépense de soins au dépassement d'honoraires, un ménage au revenu mensuel de 8 000 F, toujours par unité de consommation, accepte un dépassement beaucoup plus significatif (12,7 % de la dépense totale).
L'importance de la couverture complémentaire
L'enquête du CREDES révèle également l'influence prépondérante de l'état de santé, et notamment du risque vital, sur la consommation médicale des assurés. Une personne qui ne présente aucun risque vital dépense chaque année, en moyenne, onze fois moins qu'une personne avec un risque vital important (3 309 F, contre 37 734 F).
En outre, l'enquête confirme que l'existence d'une couverture complémentaire est un critère puissant de discrimination dans la dépense de soins (ce constat ancien est une des raisons qui ont motivé la mise en place de la CMU). « En l'absence de couverture complémentaire, la dépense en soins de dentistes, d'optique médicale et de spécialistes est divisée par deux », résume l'étude. Les disparités de consommation liées à l'existence ou non de la couverture complémentaire se vérifient également pour les dépenses de médecine générale. En 1997, les personnes disposant de la seule couverture de base ont dépensé, en moyenne 550 F en frais d'omnipraticiens, contre 630 F pour les personnes protégées par une couverture complémentaire (mutuelle, assurance).
(1) « La consommation médicale en 1997 selon les caractéristiques individuelles ».
« Bulletin d'information en économie de la santé » (mai 2001), CREDES.
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