Arthrose

Plus fréquente en cas syndrome métabolique

Publié le 18/09/2014
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La rhinarthrose touche 26% des patients avec syndrome métabolique contre 14 % des contrôles

La rhinarthrose touche 26% des patients avec syndrome métabolique contre 14 % des contrôles
Crédit photo : PHANIE

Le travail mené par l’équipe de l’hôpital Saint-Antoine s’est fondé sur l’hypothèse que le syndrome métabolique est un facteur de risque d’arthrose indépendant de la composante mécanique. Il s’est appuyé sur l’étude de la cohorte METAFIB, cohorte de patients infectés par le VIH suivie par les équipes d’infectiologues dans ce même hôpital.

L’étude cas contrôle présentée (1) a porté sur 301 patients VIH + (88 % d’hommes, âgés en moyenne de 53,4 ans) dont 152 présentaient un syndrome métabolique (cas) et 149 en étaient indemnes (contrôles). Tous ont eu des radiographies des mains.

La prévalence de l’arthrose des mains était globalement de 55,6 %, mais statistiquement plus élevée en cas de syndrome métabolique : 64,7 % versus 46,3 % chez les contrôles (p ‹ 0,002). La rhizarthrose était également plus fréquente chez les patients avec syndrome métabolique : 26,1 % versus 14,1 % chez les témoins (p‹0,01). La sévérité de l’arthrose, définie par le score de Kellgren et Lawrence, et le nombre d’articulations atteintes, étaient aussi plus marqués chez les cas que chez les contrôles (6,8 versus 3,7, p‹ 0,002).

En analyse uni- et multivariée, il n’y avait pas d’association statistiquement significative entre l’arthrose et chacune des anomalies du syndrome métabolique prise séparément (insulinorésistance, même si une tendance positive a été retrouvée en univariée, IMC, dyslipidémie). De même, il n’y avait pas d’association entre l’arthrose des mains et l’exposition aux inhibiteurs de protéases, la charge virale, le taux de CD4 ou encore la durée de l’infection par le VIH.

Les recherches menées ces dernières années plaident en faveur du démembrement de l’arthrose, dont deux grands types sont distingués : l’arthrose locale, post-traumatique, et l’arthrose systémique, d’origine métabolique, impliquant notamment les adipokines. Il a été montré que la présence d’un syndrome métabolique est associée à une augmentation du risque d’arthrose chez les sujets obèses ce qui a conduit à proposer différentes hypothèses physiopathologiques.

La cohorte METAFIB a offert une opportunité unique de travailler sur un modèle de patients dont le vieillissement accéléré pourrait passer par le syndrome métabolique.

Les résultats confirment que chez les patients VIH +, l’arthrose est plus précoce que dans la population générale : 56 versus 38 % dans l’étude de Framingham. Et au sein de la population VIH +, l’arthrose est plus fréquente et plus sévère en cas de syndrome métabolique, ce qui corrobore l’hypothèse d’une arthrose généralisée liée au syndrome métabolique et non pas à des facteurs mécaniques.

Parallèlement, les travaux récents soulignent l’excès de mortalité associé à l’arthrose : l’association arthrose du genou et syndrome métabolique est délétère en terme de risque cardiovasculaire (cf. étude canadienne commentée par le Pr Serge Poiraudeau).

Nous devons aujourd’hui changer de paradigme et considérer l’arthrose non plus comme la conséquence d’un vieillissement normal mais comme un facteur de risque cardiovasculaire à prendre en charge en tant que tel. Notamment, la problématique de l’activité physique chez ces patients sera largement abordée le 13 octobre 2014 à Paris, dans le cadre du « World Arthritis Day ».

D’après un entretien avec le Pr Francis Berenbaum, hôpital Saint-Antoine, Paris

(1) Berenbaum F et al.

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Congrès spécialiste