A L'OCCASION de la quatrième Journée africaine de lutte contre le paludisme, organisée dimanche, les associations Plan France et Action contre la faim (ACF) montent au créneau pour dénoncer l'autre gîte larvaire de l'anophèle : le silence qui, dans les pays du Nord, entoure cette maladie du Sud.
Dans les diverses zones intertropicales où il sévit, le paludisme tue, selon les estimations de l'Organisation mondiale de la santé, entre 1 et 2,5 millions de personnes, souvent classé en tête des causes de mortalité chez l'enfant, devant le sida. Or la maladie est curable. Si différents traitements existent pour lesquels la barre fatidique des 25 % d'échec thérapeutique a été franchie, notamment dans la plupart des pays africains, les stratégies thérapeutiques nouvelles, qui associent les dérivés d'artémisinine, extraits d'une plante chinoise, à un autre antipaludéen (la sulfadoxine-pyriméthamine, ou l'amodiaquine, par exemple), encore très marginalement employées, font pourtant baisser la parasitémie dix fois plus vite que les traitements standard réputés les meilleurs (quinine). Et on n'a encore rapporté aucune toxicité sévère parmi les 2 millions de cas traités à ce jour par ces nouvelles polythérapies.
C'est en Afrique qu'on enregistre 90 % des décès liés à la maladie, 75 % des victimes ayant moins de 5 ans. Dans un pays comme le Mali, où « le Quotidien » est allé apprécier l'impact du fléau, dans six cas sur dix les patients n'ont pas accès aux traitements, le plus souvent pour des raisons strictement financières. « C'est aujourd'hui le problème de santé publique numéro 1 », n'hésite pas à déclarer le Dr Issa Traoré, médecin chef du cercle de Kita, une province du nord-ouest du pays où tout concourt (climat avec un hivernage très humide, conditions sanitaires, sociales et économiques) aux ravages de la maladie.
A la fois maladie de la pauvreté et cause de pauvreté, le paludisme, pour être éradiqué, nécessite une mobilisation internationale. Associés dans un appel lancé conjointement, Plan France et ACF demandent la création d'une Journée mondiale, à l'instar de celles qui sensibilisent déjà l'opinion internationale contre d'autres maladies. La contribution financière pour soutenir la recherche de nouveaux vaccins et traitements, l'approvisionnement en médicaments et les programmes de prévention appropriés à la maladie, l'accès universel aux nouveaux traitements à un prix abordable et aux équipements nécessaires à la prévention, tels que les moustiquaires imprégnées d'insecticide, tous ces programmes ne pourront porter leurs fruits qu'avec des moyens mis en œuvre par la communauté internationale.
Dans un pays comme le Mali, l'objectif fixé par les autorités de santé serait que puisse être ainsi ramenée sous la barre des 10 % la proportion de la population infectée, alors qu'on estime que la prévalence atteint actuellement 70 % pendant la saison d'hivernage, et ce pour 90 % de la population (hors régions désertiques).
Mais, comme le note, désabusé, le Dr Issa Traoré, « si le sida suscite campagnes et mouvements de solidarité dans le Nord, le paludisme ruine sans tapage les populations du Sud ».
Aussi bien, parmi elles, la même passivité est souvent observée devant ce que beaucoup d'Africains vivent sur le registre de la fatalité. Ce sont donc deux silences, celui du Nord et celui du Sud, qu'une Journée mondiale de lutte viendrait enfin briser.
Plan France a déjà protégé 40 000 enfants
Organisation non gouvernementale humanitaire et internationale à l'œuvre dans 45 pays dans le monde, Plan prend en compte la lutte contre la paludisme, et sur les 1,3 million d'enfants parrainés par l'ONG, 800 000 bénéficient déjà de 400 000 moustiquaires imprégnées. Plan France, animé par Jean-Claude Fortot, a financé 20 000 moustiquaires qui protègent actuellement 40 000 enfants au Mali, au Sénégal, au Niger, au Népal, etc. Une moustiquaire revient à environ 7,5 euros et son attribution est jugée indispensable pour réduire le nombre des décès chez les enfants de moins de 5 ans.
Le travail de Plan sur le terrain consiste à faire connaître l'origine du paludisme, d'une part, et à encourager les populations à utiliser les moustiquaires tout au long de l'année, d'autre part.
D'où les séances d'information sanitaires organisées avec des acteurs issus des communautés et les projections de films vidéo.
Un travail de formation est également lancé à l'attention des professionnels de santé. Plan a ainsi formé au Mali 4 médecins, 9 infirmières communautaires, 10 formateurs nationaux et environ 50 agents de santé qui travaillent pour des ONG locales.
11, rue de Cambrai, 75019 Paris, planfrance@plan-international.asso.fr.
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