DE NOTRE CORRESPONDANTE
COMMENT faire face au vieillissement annoncé de la population, dans une région déjà sous-médicalisée ? C'est la question que pose la dernière étude publiée par l'observatoire régional de la santé (ORS) du Nord - Pas-de-Calais : « Prospective et vieillissement de la population dans le bassin minier ».
Le choc démographique approche à grands pas : d'ici à 2020, le nombre de personnes de plus de 60 ans aura augmenté de 30 % dans le bassin minier, ce qui induira des besoins nouveaux en matière de santé. Or ce bassin de population accuse déjà une densité médicale inférieure de 14 % à la moyenne nationale. Pour la médecine spécialisée, le retard est encore plus fort : moins 35 % par rapport au reste de la France.
Sans mesures drastiques, la situation risque d'être dramatique. D'ici à 2020, 13 % des anesthésistes en poste actuellement auront cessé leur activité, 15 % des radiologues et chirurgiens.
D'où le signal d'alarme tiré par l'ORS. Sans dramatiser, ses chercheurs rappellent une tendance démographique inévitable et le paysage sanitaire qui l'accompagnera. Le vieillissement général de la population est aggravé dans le bassin minier par un solde migratoire négatif : faute d'emplois, nombre de jeunes quittent le territoire pour s'installer dans des zones plus prospères. Les projections de l'Insee ne sont guère rassurantes : si la tendance actuelle se poursuit, les plus de 60 ans représenteront 24,3 % de la population en 2020 et le Nord - Pas-de-Calais, qui était la région la plus jeune de France, passera au troisième rang national (âge moyen de 40 ans, contre 36 ans actuellement).
Dépendance.
Ce phénomène va entraîner une montée en charge des besoins de santé : le nombre de personnes âgées dépendantes devrait augmenter de 9 à 13 % entre 2005 et 2010 et croître de 55 % à l'horizon 2040.
Le nombre de personnes souffrant de démences séniles devrait passer de 10 000 actuellement à 15 000 en 2020, celui des malades atteints d'Alzheimer de 7 000 à 11 000 dans le même temps, si la recherche ne progresse pas.
Croisées avec les chiffres de la démographie médicale, ces données ont de quoi alimenter l'inquiétude. Les besoins en personnels médicaux et paramédicaux sont énormes : le bassin minier a deux fois moins de spécialistes par habitant que le reste de la France. Il manque aussi d'infirmiers, de dentistes, de kinés, de sages-femmes... Rien que pour remplacer les cessations d'activité, il devra trouver 175 médecins. Ce qui semble une gageure pour une région actuellement peu attrayante.
« Les primes à l'installation ne peuvent suffire à corriger ces déficits, souligne Olivier Lacoste, directeur de l'ORS. C'est toute la qualité des services offerts et l'environnement global qui doivent être revus pour attirer de nouveaux médecins. Sur cent internes formés dans la région, cinquante quittent le territoire. Pour stopper cette hémorragie, il faut mettre en place un accompagnement des professionnels de santé. »
Depuis quelques années déjà, le conseil régional et la faculté de médecine de Lille travaillent de concert pour améliorer l'accueil des jeunes médecins et leur proposer des perspectives de carrières attrayantes. La dernière étude de l'ORS ne peut que les conforter dans cette démarche.
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