LA SURVEILLANCE des accidents avec exposition au sang (AES) est considérée comme une priorité dès 1998. Depuis 2002, la méthodologie a été harmonisée par le Raisin, réseau qui associe l'Institut de veille sanitaire (InVS) et les centres de coordination de lutte contre les infections nosocomiales (Cclin), ainsi que le Geres (Groupe d'étude sur le risque d'exposition des soignants) : chaque établissement doit documenter de manière volontaire, anonyme et standardisée tout AES chez un membre du personnel soignant ou non (étudiant ou stagiaire inclus) déclaré au médecin du travail. L'AES se définit comme tout contact percutané (piqûre, coupure) ou muqueux (oeil, bouche) ou sur peau lésée (eczéma, plaie) avec du sang ou un produit biologique contenant du sang.
Pour la deuxième année consécutive, les données des 5 Cclin (Ouest, Est, Sud-Est, Sud-Ouest, Paris-Nord) ont été mises en commun, ce qui représente 385 établissements de santé (13 % de l'ensemble et 34 % des 461 774 lits recensés en France).
Du 1er janvier au 31 décembre 2005, 13 949 accidents ont été recensés, soit une incidence de 8,8 pour 100 lits d'hospitalisation. «Cela permet d'estimer à 40620 le nombre d'AES qui auraient été déclarés en 2005 aux médecins du travail des établissements de santé français», soulignent les auteurs d'un rapport publié par l'InVS.
Dans plus de 20 % des cas, le statut du patient source vis-à-vis du VIH et du VHC, qui conditionne la prise en charge ultérieure du soignant, demeure inconnu. Le taux de prescription d'une chimiothérapie antirétrovirale s'est stabilisé : 4,5 % des agents blessés en ont bénéficié, contre 5,8 % en 2003 et 6,3 % en 2002. La restriction des indications (circulaire du 2 avril 2003) a fait évoluer les pratiques de prescription. La connaissance a posteriori de la sérologie négative pour le VIH du patient source constitue le motif principal d'interruption. La crainte des effets secondaires, les contraintes du suivi ou une grossesse sont également citées. Seulement 1,1 % des accidentés n'étaient pas vaccinés contre l'hépatite B, dont plus des deux tiers étaient cependant immunisés.
Le délai médian de prise en charge d'un soignant après son AES était d'une heure, ce qui démontre «le caractère très opérationnel» du dispositif.
Aiguilles à suture.
Les actes de soins sont à l'origine de près de 82 % des AES, de près de 90 % des projections et de 80 % des accidents percutanés. L'injection est le geste le plus fréquemment en cause. Les accidents percutanés par piqûre prédominent quelle que soit la catégorie professionnelle. Comme en 2004, les aiguilles à suture sont plus fréquemment impliquées dans les AES liés à des aiguilles, avant les sous-cutanées. Environ 10 % de l'ensemble des accidents concernent les secteurs chirurgie, obstétrique, réanimation et urgence. Près de la moitié (48,3 %) des accidents percutanés auraient pu être évités par la seule observance des précautions standards, souligne le rapport : «Il paraît toujours nécessaire de favoriser la sécurisation de ce geste et de promouvoir l'usage d'aiguille à bout mousse.»
Les coupures sont le plus fréquemment observées chez les chirurgiens (17 %) et parmi les aides-soignants et agents hospitaliers (16 %). Une proportion «non négligeable» d'AES par projection est observée, notamment chez les médecins (1 AES sur 5). S'ils concernent surtout les infirmières et les aides-soignants (toilette, contention, puis brancardage d'un patient, la réfection d'un pansement et les soins de trachéotomie), les projections survenant lors d'actes de chirurgie et d'une aide à une procédure chirurgicale ou à une procédure opératoire représentent 18,1 % de l'ensemble des projections.
L'incidence des AES pour 100 lits est restée stable entre 2004 et 2005 (8,3 contre 8,1). Cependant, des progrès significatifs peuvent être notés, en particulier l'observance du port de gants et la proximité d'un conteneur de sécurité sont en légère hausse (respectivement de 62,5 à 63,4 % et de 67,3 à 69,8 %). «La poursuite de l'implantation des dispositifs de sécurité doit permettre une baisse du risque dans les années à venir», conclut le rapport.
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