Promouvoir le bénévolat en France, « comme un engagement de qualité au service de la communauté accessible à tous », tel est l'objectif du Centre national du volontariat (CNV). Dans le cadre de l'Année internationale des volontaires, le CNV organise jusqu'au 5 octobre à l'Unesco, à Paris, la Semaine du bénévolat. Au programme, le témoignage de dizaines de bénévoles sur leurs actions quotidiennes, dans des domaines aussi variés que la santé, la solidarité, l'accueil et l'intégration des étrangers, la culture, le droit et la justice, les jeunes, l'environnement... Le slogan de la semaine : « Donner du temps, c'est un temps fort ».
Cette semaine a commencé par une réunion sur le bénévolat dans le secteur de la santé, présidée par Simone Veil. « L'apparition de bénévoles au sein de l'univers hospitalier est un phénomène relativement récent », rappelle l'ancien ministre d'Etat. « Les hospices ont longtemps fonctionné en vase clos, grâce aux donations et aux héritages. Mais depuis les années 1950, les besoins en personnel se sont accrus, la durée des séjours hospitaliers ayant augmenté suite aux progrès médicaux. » Autre étape importante ayant contribué à l'essor du bénévolat, l'évolution de la prise en charge des patients, devenue globale à partir de 1975. Globale, c'est-à-dire qui tient compte à la fois de la maladie de la personne hospitalisée, mais également de son confort psychologique. Or infirmières, aides-soignantes et médecins sont déjà débordés de travail. Il a donc fallu trouver d'autres personnes pour aider les patients à supporter leur hospitalisation. « Face à la rupture physique, psychologique et morale subie par la personne hospitalisée, seul le maillage de liens peut apporter l'apaisement et favoriser l'intégration dans cet univershostile qu'est l'hôpital », souligne Chantal Deschamps, membre du Comité consultatif national d'éthique.
Sans écarter les familles et l'équipe soignante, dont le rôle est irremplaçable, les volontaires sont de plus en plus nombreux à se mettre au service des malades. Les motivations d'une telle implication personnelle peuvent être variées : vouloir aider autrui dans sa souffrance après avoir soi-même connu la maladie ; servir un concept humanitaire ou philosophique ; ou bien tenter de valoriser les droits des malades. Pour Chantal Deschamps, l'action de ces volontaires est indispensable : « En jetant un pont entre l'hôpital et la cité, ils sont garants de la citoyenneté des malades. »
Donner et recevoir
Un exemple d'association hospitalière qui ne se cantonne pas aux frontières françaises, le Mécénat chirurgie cardiaque (mecenat-cardiaque.asso.fr), qui regroupe deux bénévoles et plusieurs salariés. Son objectif : trouver des familles d'accueil pour des enfants du tiers-monde atteints de malformations cardiaques, venus en France pour se faire opérer. Depuis sa création en 1996, l'association a coordonné le séjour de 260 enfants issus de 27 pays en développement. « C'est à la fois beaucoup et trop peu », explique Annie Tranchant, bénévole. Chaque année, 0,8 % des enfants qui naissent dans le monde possèdent une malformation cardiaque. Nous sommes donc loin du compte... » Une centaine de familles ont déjà accueilli un ou plusieurs enfants malades au sein de leur foyer. Concrètement, le séjour dure en moyenne de six à huit semaines et revient à environ 2 000 F par famille. Le coût médical de l'intervention chirurgicale et de l'hospitalisation est nettement plus élevé : 50 000 F en moyenne. Pour rémunérer l'hôpital Necker, partenaire du projet, le Mécénat chirurgie cardiaque récolte régulièrement des fonds à partir de dons d'entreprises, ou au travers de diverses manifestations.
Etre bénévole, ce n'est pas uniquement donner. C'est aussi recevoir. Et parfois de la part de ceux dont on s'y attend le moins, comme l'explique Elizabeth Deraisme, bénévole au sein de l'association Choisir l'espoir. Depuis des années, elle accompagne des enfants atteints d'un cancer ainsi que leur famille. Elle en ressort transformée. « Ces enfants m'ont appris à aller à l'essentiel, à goûter chaque instant. Je les remercie pour cette formidable leçon de vie. »
Le rôle du bénévolat en milieu hospitalier est indispensable. Toutefois, la santé demeure très professionnalisée, puisque 95,8 % du travail effectué dans ce secteur est rémunéré. D'autres activités regroupent quant à elles une proportion plus importante de volontaires. C'est notamment le cas du sport, qui est de loin le secteur où les Français acceptent le plus facilement de s'impliquer sans but lucratif : 28,1 % du travail fourni est bénévole. Le taux de bénévolat en France est supérieur à la moyenne de l'Union européenne : 17,6 bénévoles pour 1 000 habitants. Le portrait type du bénévole ? D'après le sondage CSA 1901-2001, les hommes (41 %) sont en moyenne plus impliqués que les femmes (34 %), les retraités (41 %) plus que les étudiants (29 %). Une vie active soutenue est un facteur moteur pour la participation à la vie associative, de même qu'un niveau d'études élevé. La moitié des bénévoles consacrent à l'association plus de dix heures par mois. Inutile donc de rappeler que l'investissement personnel est de taille. « Je préfère le terme volontaire à celui de bénévole, a conclu Simone Veil. Il démontre à quel point il s'agit d'un engagement, d'une présence, d'une disponibilité, qui vont bien au-delà d'une simple action non rémunérée. »
Programme complet de la Semaine du bénévolat consultable sur globenet.org/CNV/. Pour connaître les actions du CNV : www.benevolat.com.
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