« LES GÈNES des microorganismes portés par le corps humain contribuent au métabolisme de façon plus importante que les cellules », écrivent les chercheurs du Human Microbiome Project (HMP, conduit par le NIH américain). Il y a environ 22 000 gènes codant des protéines dans le génome humain et 8 millions de ce type de gènes dans le microbiome. Si les bactéries n’étaient pas présentes dans le tube digestif, les humains ne pourraient complètement digérer la nourriture et absorber les nutriments. Les microbes ne se contentent pas de fragmenter les protéines, les carbohydrates et les lipides au niveau du tube digestif, ils produisent également des composés intéressants, tels que des vitamines et des anti-inflammatoires. Une observation intéressante : la distribution des activités métaboliques importe plus que les espèces qui l’assurent. Dans le tube digestif par exemple, une population de bactéries qui digèrent les lipides est nécessaire, mais ce ne sont pas toujours les mêmes bactéries qui font le travail.
Dans cette dernière étude, les chercheurs ont réalisé des prélèvements chez 242 volontaires (129 hommes et 113 femmes), collectant des tissus au niveau de 15 sites du corps, notamment la bouche, le nez, la peau, les oreilles, les coudes et le bas intestin.
Des chercheurs-explorateurs.
Des analyses de l’ADN des microbes de 500 germes commencent à être réalisées. Tels « des explorateurs du XVe siècle explorant un nouveau continent, les chercheurs ont utilisé une nouvelle stratégie technologique, ce qui leur a permis de définir pour la première fois la composition microbienne du corps humain ». Ils ont calculé que plus de 10 000 espèces microbiennes occupent l’écosystème microbien. Ils estiment avoir identifié de 81 à 99 % de tous les genres de micro-organismes présents chez des adultes en bonne santé aux États-Unis.
En 2009, un groupe de Saint-Louis, qui a développé le premier atlas de la diversité bactérienne du corps humain, montrait que les individus sont porteurs de colonies personnalisées, qui varient considérablement du front aux pieds, du nombril au nez.
Alors que pratiquement tous les individus sont porteurs d’agents pathogènes, ceux-ci n’occasionnent pas de maladies chez les individus en bonne santé. Ils coexistent avec le reste du microbiome, c’est-à-dire la collection de tous les microorganismes vivant dans le corps humain. Le corps contient des centaines de milliards de micro-organismes, dont le nombre dépasse celui des cellules (d’un facteur 10) et ils ont un rôle vital. Le consortium des 200 chercheurs du HMP entend maintenant mettre en place des études cliniques pour rechercher les associations entre le microbiome et les maladies.
« Le microbiome humain est plus variable que le génome humain, il est aussi plus aisé à modifier. »
Nature et PloS, 13 juin 2012.
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