La nasogastroscopie est un outil diagnostique intéressant pour explorer le tractus digestif supérieur mais reste encore peu utilisée. La voie transnasale présente des avantages incontestables qui la rendent compétitive par rapport à la gastroscopie conventionnelle par voie buccale. Elle est en particulier mieux tolérée, ce qui permettrait de diminuer le recours à l'anesthésie générale.
L'ENDOSCOPIE oeso-gastro-duodénale est actuellement l'examen de référence pour l'exploration des affections oesophagiennes, gastriques et intestinales supérieures. Elle permet de diagnostiquer les lésions néoplasiques ou prénéoplasiques de la muqueuse digestive. Une des limites de l'endoscopie par voie buccale est l'inconfort ressenti par le patient. La nasogastroscopie permettrait de réduire les problèmes de tolérance et ainsi d'améliorer la qualité de l'exploration digestive. Le Pr Thierry Ponchon a été à l'initiative de la première nasogastroscopie en France. Il tente actuellement de promouvoir cette technique et d'accroître son utilisation en pratique. Il rappelle que la nasogastroscopie n'est ni un outil récent ni un outil nouveau. Initialement, elle a été pratiquée avec des endoscopes dédiés à la pédiatrie. Sur le plan technique, la nasogastroscopie nécessite de disposer d'un endoscope de petit calibre, 5 mm en moyenne. Elle se pratique sur un patient en position assise ou en décubitus latéral gauche, sans sédation ni anesthésie générale. Une anesthésie locale, nasale et buccale, est souvent pratiquée à l'aide de lidocaïne ou d'un de ses dérivés.
Avantages.
Le principal intérêt de la nasogastroscopie est d'améliorer la tolérance par rapport à la gastroscopie conventionnelle par voie buccale. Des études ont montré qu'elle diminue de façon significative l'inconfort ressenti par le patient. Celui-ci peut parler, contrôler sa respiration et la mobilité de son larynx pendant l'examen. La stimulation de la glotte et le réflexe nauséeux sont moins importants. La sensation d'asphyxie et les nausées sont significativement moindres qu'avec la voie buccale. Par l'amélioration de la tolérance, le recours à la sédation et à l'anesthésie générale pourrait être réduit, voire supprimé. En 2001, une étude a montré que la moitié (51 %) des gastroscopies conventionnelles sont réalisées sous anesthésie générale. La nasogastroscopie devrait permettre d'y recourir moins souvent et, par conséquent, de diminuer les risques qui lui sont liés. En effet, une part importante de la morbidité lors des endoscopies conventionnelles (50 % environ) serait liée à l'anesthésie générale. De plus, la sédation et l'anesthésie générale augmentent les coûts de la procédure. La sédation intraveineuse représenterait près de 40 % du coût total d'une endoscopie conventionnelle. La nasogastroscopie a également un intérêt spécifiquement lié à l'organisation du système de santé. En France, rappelle le Pr Ponchon, les gastro-entérologues ne peuvent pas réaliser eux-mêmes la sédation intraveineuse de leurs patients. Celle-ci doit obligatoirement être supervisée par un médecin anesthésiste. Le développement de la nasogastroscopie permettrait un transfert vers le secteur libéral, le geste pouvant être réalisé au cabinet médical sans anesthésie.
Inconvénients.
Les effets secondaires liés à la nasogastroscopie sont rares. Ils dépendent du type de fibroscope utilisé et principalement de son diamètre. Les effets secondaires sont plus fréquents lorsque le diamètre de l'endoscope est important. L'événement indésirable le plus souvent rapporté est l'épistaxis, mais sa fréquence est inférieure à 2 %. Les saignements prolongés ou graves sont rares. Le Pr Ponchon rappelle qu'il est nécessaire d' «informer les patients du risque d'épistaxis et d'éviter cette voie d'abord en cas de cirrhose ou de troubles de la coagulation». Les autres événements indésirables possibles sont les malaises vagaux (0,3 %) et les douleurs nasales (1,5 %). Au niveau technique, des difficultés peuvent être rencontrées à l'introduction du nasogastroscope. Certains spécialistes ont critiqué la qualité d'image insuffisante et la petite taille des biopsies obtenues par nasogastroscopie. Une étude a suggéré que la qualité visuelle obtenue avec les endoscopes de petit calibre était inférieure à celle obtenue avec les endoscopes classiques, mais l'étude avait de nombreuses limites méthodologiques et un niveau de preuve insuffisant. En pratique, il semblerait que les progrès techniques réalisés récemment auraient réduit cette différence. Ainsi, la qualité d'image a augmenté avec la dernière génération d'appareils de nasogastroscopie et serait équivalente à celle de la gastroscopie conventionnelle. La nasogastroscopie apparaît donc comme une alternative intéressante à la gastroscopie par voie buccale. Le recours à la nasogastrocopie est encore peu fréquent en France mais semble être en expansion : le CHU de Lyon compte actuellement six appareils de nasogastroscopie et 176 nasogastroscopes ont été vendus en France en 2006. Malgré une pratique encore restreinte, les experts considèrent que la nasogastroscopie devrait s'imposer dans l'arsenal diagnostique des pathologies de l'appareil digestif supérieur. La mise en place de formations universitaires et postuniversitaires pourraient être une des initiatives utiles pour promouvoir la nasogastroscopie.
D'après la communication du Pr Thierry Ponchon, service de gastro-entérologie, hôpital Edouard-Herriot, Lyon.
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