« CENDRILLON » fut l'avant-dernier des grands ballets en trois actes réalisés par Rudolf Noureev pour l'Opéra de Paris (voir « le Quotidien » du 17 avril 2000). Influencé par le décorateur Petrika Ionesco, à qui l'Opéra avait confié la réalisation des décors, Noureev avait tiré la féerie vers le Septième Art, faisant de Cendrillon une star révélée grâce à un Producteur/fée sous les projecteurs d'Hollywood. Au milieu de mille péripéties, faisant référence à l'histoire du cinéma américain, pouvant parfois sembler comme des longueurs, notamment dans un second acte à l'intrigue un peu touffue, l'Acteur-vedette tombé amoureux de la jeune inconnue finit par la retrouver grâce à la célèbre pantoufle et comme dans tout bon ballet, cela s'achève par un mémorable pas de deux riche en portés acrobatiques.
Presque vingt ans après, comme toute modernité appelée à se démoder, ce spectacle a perdu de son glamour. Les décors paraissent vieillots, l'ensemble manque d'enthousiasme et d'entrain. Dans les distributions d'aujourd'hui, subsistent peu de danseurs ayant travaillé avec Noureev. N'est-ce pas pour cela, bien que le style soit conservé par des maîtres de ballet ayant travaillé avec lui, que les jeunes danseurs ne savent pas donner tout l'éclat à ces chorégraphies très enrichies de mise en scène ? Entre-temps le Ballet a beaucoup évolué, abordé des styles très divers et opposés, s'est enrichi dans d'autres directions.
La distribution que l'on a pu voir manquait un peu d'épaisseur, de brillant, malgré l'impeccable incarnation de l'héroïne par Aurélie Dupont, encore une jeune Étoile, la prestation technique parfaite en Acteur-vedette de Florian Magnenet, très jeune et superbe danseur qui vient d'être promu Sujet au dernier concours interne du Ballet et remplaçait Manuel Legris à la dernière minute. Ni les Sœurs de Nolwenn Daniel et Nathalie Riquié, ni Karl Paquette en Producteur, ni Alessio Carbone en Professeur de danse n'ont la stature des danseurs qui les ont précédés.
Reste la superbe musique de Prokofiev, défendue par un Orchestre de l'Opéra de Paris des très grands soirs, dirigé avec une chaleur exceptionnelle, même si à un niveau sonore un peu trop fort pour Garnier, par Vello Pähn, spécialiste de ce répertoire.
Opéra-Garnier (08.92.89.90.90 et www.operadeparis.fr les 2, 3 et 4 mai à 19 h 30. Prix des places : 6 à 80 euros.
« Cendrillon » sur DVD
La filmographie du ballet « Cendrillon » est déjà riche de plusieurs chorégraphies très diverses. Hélas, celle de Noureev par l'équipe de la création en 1986 (Sylvie Guillem, Charles Jude, Isabelle Guérin, Monique Loudières, Georges Pilletta), avec en prime Rudolf Noureev dans le rôle du Producteur, n'existe pas encore sur ce support mais est toujours commercialisée sur vidéocassette Secam VHS par NVC Arts Warner Vision Vidéo. Autre indispensable, celle devenue « culte » de Maguy Marin, créée pour le Ballet de l'Opéra de Lyon en 1989 et qui a fait le tour du monde avec ses personnages aux visages de poupées Celluloïds (Arthaus/Intégral). Filmée au Théâtre Mariinski, non en direct mais avec une vraie prétention de production filmée, cette « Cendrillon » russe avec son premier degré de réalisme, ses fauteuils Louis XIV et ses fondus enchaînés kaléidoscopiques est à fuir ! (Via Classic). On aimerait recommander avec plus d'enthousiasme la « Cinderella » du Royal Ballet de Frederick Ashton, qui est de l'essence de danse classique avec ses interprètes superlatifs (Antoinette Sibley et Anthony Dowell et même Ashton dans une des deux sœurs !) mais les décors sont si poussiéreux et l'ensemble si mal filmé (Covent Garden Pionneer/Distr. Loreley). Dernière en date, celle du Ballet de Zurich par Heinz Spoerli en 2003, amène un petit vent de fraîcheur. Cendrillon (Karine Seneca) est une ancienne Étoile et tout se passe dans l'univers de la danse. Les deux sœurs et la Marâtre sont dansées par des hommes. Les moments de danse académique sont respectés. Un bon compromis entre classique et modernité, par une compagnie réputée excellente, et très bien filmé (Bel Air Classiques/distr. Harmonia Mundi).
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