Le Syndicat national des médecins homéopathes français (SNMHF) n'en revient pas.
La décision du gouvernement de diminuer le taux de remboursement des médicaments homéopathiques de 65 à 35 %, inscrite dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2004, a été prise « sans aucune concertation », ni même le moindre avertissement (« le Quotidien » du 26 septembre). « Nous avons appris la nouvelle par la presse et par nos patients inquiets », explique le Dr Dominique Jeulin-Flamme, présidente du SNMHF.
Pour le syndicat, le gouvernement a tout faux. D'abord parce que l'assurance-maladie ne fera « aucune économie, bien au contraire » en raison d'un « transfert automatique » des prescriptions vers des produits allopathiques plus chers. Ordonnances moins coûteuses, taux de revoyure plus faible des médecins homéopathes, recours moins fréquents aux arrêts maladie : pour le Dr François Gassin, secrétaire général du SNMHF, « il est absurde et choquant d'annoncer une mesure d'économie en s'attaquant à une thérapeutique qui est très économique! ». L'arbitrage gouvernemental serait aussi « injuste » dans la mesure où il risque de fermer l'accès à l'homéopathie aux patients les plus modestes .
Un rapport Raffarin en 1986
Surtout, cette « agression contre l'homéopathie » pourrait, coûter cher électoralement au gouvernement. « La mobilisation de nos patients a été immédiate », constate le Dr Jeulin-Flamme. Le SNMHF va souffler sur ces braises. Une pétition nationale intitulée « non au déremboursement des médicaments homéopathiques » a été lancée. Les 25 000 médecins prescripteurs occasionnels d'homéopathie (en immense majorité des généralistes mais aussi quelques centaines de pédiatres, gynécologues, psychiatres ou dermatologues) et les 5 000 médecins exerçant l'homéopathie « à titre principal » sont invités à remettre à leurs patients un tract sur l'homéopathie en danger. Pour faire échec à cette mesure, le SNMHF va également prendre contact avec les députés et l'ensemble des élus dans la perspective du débat parlementaire qui va s'ouvrir. Ce lobbying pourrait porter ses fruits. Bernard Carayon, député (UMP) du Tarn, s'est immédiatement élevé contre la décision du gouvernement. Non seulement elle « ne peut garantir la réduction du déficit de l'assurance-maladie » mais « cette mesure pèsera sur les résultats des laboratoires français dont le succès s'est construit pour partie sur l'homéopathie ».
Malgré un intérêt des patients (40 % des Français y ont recours), malgré la reconnaissance par l'Ordre de l'orientation homéopathie depuis 1974 et un enseignement spécifique dispensé dans sept facultés et plusieurs écoles privées, l'homéopathie souffre d'un manque de reconnaissance. Jean-François Mattei a d'ailleurs annoncé la baisse de taux en parlant d' « alignement (...) sur celui des médicaments à service médical rendu faible ou modéré ».
Ironie de l'histoire : en 1986, un certain Jean-Pierre Raffarin, alors consultant chez Bernard Krief, avait participé à un rapport sur l'homéopathie pour le Syndicat national de la pharmacie homéopathique. Une des propositions de ce document était de « consolider le remboursement des médicaments homéopathiques ».
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