Au Parti socialiste, le traumatisme électoral du printemps marque encore les esprits ; mais l'agenda parlementaire chargé des prochaines semaines devrait, espère-t-on, accélérer la convalescence des troupes.
Le débat sur le PLFSS, qui donne lieu chaque année à des joutes animées dans l'hémicycle entre les deux camps principaux, est une occasion de se refaire une santé et le PS n'entend pas, en tout cas, laisser le champ libre à la droite sur les questions de protection sociale. « Notre programme, c'est riposte immédiate et travail de fond », résume Claude Pigement, délégué national du PS à la santé (Marisol Touraine demeurant secrétaire national à la Solidarité au moins jusqu'au congrès de Dijon en mai 2003).
A l'Assemblée, le PS a misé sur l'expérience pour en découdre avec la droite lors des débats, souvent techniques, sur le PLFSS. C'est donc une nouvelle fois l'ancien ministre Claude Evin, expert des questions sanitaires et sociales, qui coordonnera la contre-attaque des socialistes sur le budget de la Sécu. Le député de Paris, Jean-Marie Le Guen, médecin mutualiste, proche de Dominique Strauss-Kahn, s'occupera spécifiquement des questions de santé au sein du groupe socialiste, Pascal Terrasse (Ardèche) traitant de l'assurance vieillesse et Marie-Françoise Clergeau (Loire-Atlantique) de la famille. En tant que vice-présidente de la commission des Affaires sociales de l'Assemblée, Catherine Génisson (Pas-de-Calais), anesthésiste, devrait également être amenée à intervenir.
Revalorisations : des « contreparties floues »
Sur le fond, le PS sera particulièrement attentif aux arbitrages du gouvernement sur l'Objectif national de dépenses d'assurance-maladie (ONDAM), dont la fixation s'annonce plus que jamais comme un exercice à hauts risques dans un contexte de plongeon de la branche maladie, en déficit estimé de 5,6 milliards d'euros cette année. « Même si elles étaient justifiées sur le principe, les revalorisations des tarifs généralistes, qui ont été accordées avec des contreparties beaucoup trop floues en matière de bon usage des soins, ont ouvert la boîte de Pandore », accuse Claude Pigement, qui évoque « la très forte pression des spécialistes » et redoute « un vrai problème de financement ». Au PS, certains laissent déjà entendre que le choix qui consisterait à laisser filer les dépenses d'assurance-maladie est suicidaire, car il risque de fragiliser le système et l'expose à la menace de la privatisation.
Dans ce contexte, les revendications des spécialistes, qui réclament un rattrapage de leurs honoraires d'un milliard d'euros, sont à examiner à la loupe, estime-t-on au PS. « Les difficultés des spécialités cliniques, comme les pédiatres ou les psychiatres, ne sont pas exactement comparables à celles des disciplines techniques, car on sait bien que ce sont les actes intellectuels qui sont les plus dévalorisés », rappelle Claude Pigement.
Même s'il n'exclut pas des contacts directs avec les milieux professionnels (libéraux, hospitaliers), le PS veut tenir un « discours global » sur la santé, qui n'oublie surtout pas les assurés. « Le débat qui s'annonce sur le panier de soins (les dépenses que la solidarité prend en charge) ne doit pas être la porte ouverte à la diminution progressive de la couverture maladie », explique Claude Pigement .
Malgré sa volonté de tenir son rôle d'opposant, le PS reste dans une position fort délicate. Les ténors de l'UMP auront beau jeu de rappeler que c'est le gouvernement Raffarin qui a su, dès son arrivée, renouer les fils du dialogue avec le corps médical en décidant les mesures d'apaisement que la gauche refusait de prendre (revalorisation des généralistes et des pédiatres, annonce de la suppression des lettres clés flottantes et des comités médicaux régionaux, levée des pénalités financières pour les spécialistes en secteur I, etc.).
Au PS, on préfère parler de l'avenir, des causes à défendre : la qualité des soins, la sécurité sanitaire, mais aussi l' « utilité médicale ». « On a un peu de temps devant nous, ironise Claude Pigement, on se remet au travail. »
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