ON SAIT L'ENGOUEMENT que suscitent certaines expositions temporaires, véritables grand-messes de l'art où vient communier un public alléché. Ce même public est souvent moins attiré lorsqu'on lui propose de visiter des expositions permanentes ou le fonds d'une institution, ainsi que l'explique judicieusement Bertrand Lorquin, conservateur du musée Maillol, dans la présentation qu'il fait de sa nouvelle exposition, dont il est également l'un des commissaires. Et de rappeler que, depuis l'ouverture du musée Maillol en 1995, on peut dénombrer une quarantaine de manifestations temporaires, qui – sans que leur intérêt soit remis en cause – firent sans doute de l'ombre aux collections permanentes. Une chance donc que l'occasion nous soit aujourd'hui donnée de (re)découvrir les trésors qui font la richesse du musée Maillol depuis son inauguration en janvier 1995. Ces collections permanentes sont ainsi dévoilées sous forme… d'exposition temporaire !
C'est sous l'impulsion de Dina Vierny (née en 1919 en Ukraine) que fut créé ce beau musée de la rue de Grenelle. En 1947, cette grande collectionneuse ouvrait sa galerie au 36, rue Jacob, à Paris (l'endroit existe toujours). Elle imagina ensuite le musée Maillol, pour y installer les oeuvres du sculpteur éponyme – dont elle fut la muse pendant une dizaine d'années – ainsi que les chef-d'oeuvres de sa collection d'art moderne et contemporain.
Les perles de ses trouvailles s'offrent aujourd'hui à nous à travers cette manifestation qui dévoile un florilège de peintures, sculptures, dessins et installations : les oeuvres d'Aristide Maillol d'abord (myriade de sculptures, ainsi que des tapisseries, des dessins et de ravissantes huiles sur toiles colorées) et d'autres sculpteurs modernes (Gilioli, Couturier, Zitman), mais aussi les artistes abstraits (des dessins de Kandinsky et une somptueuse toile, « Angles rouges », très architecturée, puis de nombreuses gouaches de Poliakoff et des Pougny) et les primitifs modernes (le Douanier Rousseau, André Bauchant et ses toiles d'une délicieuse naïveté, Camille Bombois, René Rimbert…).
Les grands maîtres de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle ne sont pas en reste, avec les oeuvres tendres de Maurice Denis et Pierre Bonnard, et les compositions animées de Dufy, tout comme les artistes russes des années 1960, très présents (voir l'installation d'Ilya Kabakov, « la Cuisine communautaire » et les oeuvres agitatrices et parfois subversives de Boulatov, Yankilevski, Rabine…), ou les oeuvres des frères Duchamp ( ready-made de Marcel, sculpture de Raymond et peintures de Jacques Villon). Un bel ensemble d'oeuvres graphiques de Matisse (fusain et encre de Chine), Gauguin, Odilon Redon (la célèbre « Araignée »), Degas (« Danseuses »), Picasso, Foujita (ravissante « Kiki de Montparnasse »), couronne ce voyage au coeur de l'art moderne.
Une exposition qui rend compte de la formidable soif de découverte de Dina Vierny et qui témoigne de son regard vif et libre, toujours à l'affût.
Fondation Dina Vierny-Musée Maillol, 61, rue de Grenelle, Paris 7e. Tél. 01.42.22.59.58. Entrée : 8 euros (TR : 6 euros). Tlj sauf mardi, de 11 h à 18 h (vente des billets jusqu'à 17 h 15). Jusqu'au 2 juin. Catalogue, éd. Gallimard, 208 p., 30 euros.
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