PARMI LES POINTS DU RECENT plan Marshall arrêté en août pour sauver la chirurgie libérale et hospitalière, la formation est considérée comme un enjeu essentiel quand il s'agit d' « assurer l'avenir à long terme de la spécialité ». Réunis à l'initiative de l'Ordre des médecins, des représentants de la spécialité ont tour à tour esquissé des pistes pour inciter les étudiants en médecine à se tourner vers la chirurgie.
Ils ont tenté de percer les mystères de cette « spécialité reine » devenue « parent pauvre », alors que les performances réalisées par la technologie devraient séduire les futurs médecins. « Comment voulez-vous être attiré par un métier qui est présenté avec autant de misérabilisme ? », s'interroge le Pr Michel Malafosse, président de l'Académie nationale de chirurgie. Le Pr Jacques Domergue, président du Conseil national de la chirurgie, pense, lui aussi, qu'il faut revoir l'image véhiculée par la profession : « Cessons de dire que la chirurgie est au fond du trou et lançons une campagne d'information pour revaloriser cette spécialité. »
Une réhabilitation est nécessaire. Depuis plusieurs années, la chirurgie ne fait plus partie des premiers choix des étudiants après le concours de l'internat comme des nouvelles épreuves classantes nationales (ECN). « Le manque d'attractivité de la chirurgie n'est pas seulement lié à des considérations financières, explique le Dr André Nazac, président de l'Intersyndicat national des chefs de clinique assistants (Inscca). Preuve en est, selon lui, l'attrait des étudiants pour la pédiatrie, peu rémunératrice. « Les jeunes ne connaissent pas le sens des mots KCC et RCP. Ils se tournent vers des spécialités peu contraignantes, sans garde, où la judiciarisation est moindre », ajoute-t-il.
Chaque année, de nombreux postes d'internat sont abandonnés dans les spécialités chirurgicales dites difficiles. Afin d'éviter que certains secteurs ne soient sinistrés, le Pr Domergue juge nécessaire de « filiariser les différentes spécialités chirurgicales ». De l'avis général, c'est le système de l'enseignement de la chirurgie en faculté de médecine qu'il faut réformer. A l'heure de la première année commune à de nombreuses professions de santé, « pourquoi ne pas demander dès la première année si les étudiants veulent faire de la chirurgie ? », propose le Pr Domergue.
Choix « par dépit ».
Le Dr Michel Ducloux, président de l'Ordre, s'est dit interpellé par le cas d'un étudiant dont le classement au dernier concours de l'internat ne permettait pas de choisir la chirurgie et qui s'est tourné vers la médecine générale « par dépit ». Le Dr Ducloux regrette que les ECN, basées sur une évaluation théorique, soient un « concours inadapté pour sélectionner les futurs chirurgiens ». Il souhaite que des passerelles soient mises en place pour autoriser les étudiants à se reconvertir en cours de formation. La crise de la formation touche également l'enseignement hospitalo-universitaire. Selon le Pr Henri Guidicelli, coauteur du rapport sur la chirurgie française en 2003, des postes de professeur sont aujourd'hui vacants. « Qui aurait pu imaginer cela il y a trente ans ? »
Le Conseil national de chirurgie fera le point sur la formation lors de sa prochaine réunion, le 27 octobre. Il y sera peut-être question de la commission sur l'avenir de la chirurgie, prévue dans l'accord signé l'été dernier par la chirurgie libérale. Cette instance, chargée « de préconiser des actions pour valoriser le métier de chirurgien au cours de la formation du 2e cycle des études médicales », devait voir le jour en septembre. Elle est toujours à l'état de projet.
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