C'est hier que Jean-François Mattei devait présenter au conseil des ministres son projet d'ordonnance de simplification sanitaire. Un projet d'envergure - disparition de la carte sanitaire pour les équipements lourds, transfert aux ARH du pouvoir d'autorisation - initialement soutenu tant par la Fédération hospitalière de France (FHF), qui regroupe les hôpitaux publics, que par la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP), qui rassemble les cliniques privées.
Mais, problème : la dernière version de l'ordonnance et de sa circulaire d'application, élaborées début juillet, pouvaient donner lieu à diverses interprétations très éloignées de l'esprit d'Hôpital 2007 : la déconcentration et l'autonomisation des établissements de santé, souhaitées par la FHF et la FHP, disparaissaient au profit d'une planification renforcée. Inquiète de ce revirement de situation, la FHP a dénoncé dès le 22 juillet la teneur du texte, « qui reste non seulement sur une même logique de planification, mais qui va même jusqu'à un renforcement et une complexification de cette dernière dans le cadre des SROS » (schéma régional de l'organisation des soins). L'objet du courroux - qui se révèle aujourd'hui fondé sur un malentendu : l'évocation, par la circulaire, d' « objectifs quantifiés de l'offre de soins opposables », devant figurer dans une annexe au SROS troisième génération. La demande d'audience au ministre lancée à l'époque est restée sans réponse.
Deux clarifications
Le dossier n'ayant pas avancé d'un pouce cet été, la FHF est revenue à la charge le 29 août en publiant un communiqué de presse choc, stigmatisant « le retour de la centralisation ». Réaction immédiate du cabinet du ministre, qui s'est expliqué auprès du délégué général de la FHF, Gérard Vincent, lundi soir.
Deux clarifications essentielles ont été apportées. Les objectifs quantifiés d'activités de soins concernent « la nature, et non le volume », des activités et des équipements correspondants. « On croyait qu'allaient être fixés a priori et dans un document opposable les objectifs d'activité des hôpitaux et cliniques - comme le nombre de cancers ou d'accouchements - pour une durée de cinq ans, explique Gérard Vincent. Ça aurait été tout sauf une reconnaissance d'autonomie. Alors qu'en fait le texte prévoit une régulation par territoire de santé de chaque activité - néonatalité, urgences, transplantations d'organes... ».
De même, la seconde ambiguïté, qui portait sur les adaptations de l'offre de soins, a pu être levée. La FHF et la FHP avaient cru comprendre que les coopérations entre les établissements et avec les libéraux seraient imposées sur cinq ans dans le cadre des SROS, laissant peu de place aux initiatives individuelles. Il n'en est rien, a promis le ministère de la Santé lundi soir. En fait, les adaptations de l'offre de soins seront bel et bien citées dans l'annexe opposable au SROS, mais elles concerneront les principes d'organisation par territoire et non au niveau de chaque établissement. Une précision qui soulage également le Syndicat national des cadres hospitaliers (SNCH) : « Le SROS ne doit pas se substituer au projet d'établissement et aux initiatives de coopération entre établissements, il doit juste donner des orientations », explique son vice-président, Alain Tanguy.
Lundi, la FHF a rappelé au cabinet du ministre « son attachement à ce que les objectifs stratégiques du SROS soient déclinés au niveau du projet médical de territoire », devant donner lieu à la signature « de contrats d'objectifs et de moyens négociés avec chaque établissement ».
Le cabinet du ministre a confirmé cette interprétation de l'ordonnance, précise Gérard Vincent, qui attend la circulaire reformulée de façon à lever définitivement les ambiguïtés.
Mattei donne la priorité au bilan de la canicule et reporte les débats sur Hôpital 2007
Le ton était grave, mardi, lorsque le ministre de la Santé a reçu l'ensemble des acteurs des hôpitaux publics et des cliniques privées pour dresser un premier bilan de la canicule. « Jean-François Mattei nous a fait part de sa compassion et a remercié les hospitaliers pour leur dévouement », rapporte Florence Quiviger, qui représentait le Syndicat national des cadres hospitaliers (SNCH). Parmi les annonces faites lors de cette réunion - lancement du plan Vieillissement et Solidarité le jour-même, consultation prochaine des partenaires sociaux sur l'assurance-maladie et présentation à l'Assemblée de la loi de santé publique le 10 octobre -, il n'y a pas eu « de nouveautés », déplore le Dr Rachel Bocher, présidente de l'Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH), qui poursuit la critique : « Aucun bilan n'a été fait sur les créations de postes, le suivi des protocoles RTT... Aucun mot sur le plan urgences. Ça n'augure rien de très neuf. » Le ministre a tout de même annoncé la tenue de deux autres réunions sur la canicule dans les quinze jours à venir, ainsi que le report des travaux des groupes de travail dans le cadre du plan Hôpital 2007 (sur le statut des directeurs, des médecins, le financement et la gouvernance hospitalière). Des travaux qui devaient débuter aujourd'hui même, et qui attendront que soit dressé le bilan définitif de la canicule. Rachel Bocher regrette l'absence d'une vraie concertation. « Demain, en conseil des ministres (c'est-à-dire, en fait, hier hier) , Jean-François Mattei fera des annonces sur le volet investissement d'Hôpital 2007 et la réforme de la planification sanitaire : il poursuit son programme sans nous avoir entendu et sans prévoir de nouvelles priorités, c'est dommage. » D. Ch.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature