« NOTRE CERVEAU, par où le prendre pour le présenter? Quel que soit le "bout" par lequel on le prend, aucun ne conduit à une présentation dont la logique s'imposerait. La cause : son organisation, réseau structural et fonctionnel complexe dans lequel il est illusoire de vouloir suivre le fil. Soyons donc chacun l'explorateur d'un monde inconnu, prenons à la bibliothèque organique quelques éléments indispensables dans notre sac et partons sur la piste de notre choix », propose Pierre Buisseret (Muséum d'histoire naturelle), cocommissaire de l'exposition présentée au musée de l'Homme, « Planète cerveau, un monde à explorer » (l'autre commissaire scientifique est le Pr Michel Poncet, neurologue, hôpital La Timone, à Marseille).
Passage obligé de l'exposition, la bibliothèque organique est dédiée à la connaissance et à l'histoire de l'exploration du cerveau. Cet espace retrace les différentes méthodes utilisées depuis plus de cinq mille ans pour comprendre le cerveau qui pèse, en moyenne, 1,4 kg chez l'adulte et qui est constitué de près de 300 milliards de cellules dont chacune peut former jusqu'à 10 000 connexions.
Des trépanations à la TEP.
Alors que les hommes du néolithique cherchaient déjà à explorer cette machinerie exceptionnelle en pratiquant des trépanations (auxquelles certains survivaient !), la fin du XXe siècle a vu une explosion technologique qui a apporté des clichés toujours plus fins du cerveau. En 1973, l'IRM détrône le scanner X pour réaliser des clichés anatomiques du cerveau. L'IRM de perfusion mesure les fluctuations du débit sanguin : les augmentations indiquent les zones activées du cerveau, auxquelles est apporté un surcroît d'oxygène. L'IRM de diffusion, technique plus récente, mesure les variations de volume des neurones qui, lorsqu'ils sont activés, gonflent de 1 %. Une autre technique, l'IRM fonctionnelle, apparue à la fin des années 1990, permet de réaliser des images du cerveau en fonctionnement avec une résolution de l'ordre du millimètre. Contrairement à la tomographie par émission de positons (TEP), elle ne nécessite pas l'injection de produits radioactifs.
Les maladies psychiatriques n'échappent pas à la révolution de l'imagerie. Autrefois expliquées par les théories de la psychanalyse, elles sont aujourd'hui l'objet d'une réévaluation totale. C'est le cas notamment de l'autisme et de la schizophrénie. L'exposition apporte de nombreuses informations relatives à différentes pathologies, comme l'infarctus cérébral, les maladies neurodégénératives, comme la maladie d'Alzheimer ou la maladie de Parkinson. Le visiteur a également l'occasion de tester ses différents types de mémoires : la mémoire sémantique (connaissances), mémoire épisodique (expériences vécues), mémoire visuelle (images), mémoire procédurale (apprentissages gestuels), mémoire de travail et mémoire autobiographique.
Autre partie intéressante à voir : la plongée dans le temps pour un retour vers les origines avec l'exhibition de différents cerveaux d'animaux et d'hommes, du préhominien à l'homme moderne.
Au-delà de l'exposition, la fondation Eisai et le musée de l'Homme ont mis à la disposition du visiteur un espace ouvert aux associations de patients et de recherche. Une série de conférences sont par ailleurs organisées avec le Cnrs sur différents sujets de l'exposition. Enfin, des animations-découvertes (payantes) sont proposées aux familles et aux plus jeunes pendant les week-ends ou les vacances scolaires.
Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, du lundi au vendredi de 9 h 45 à 17 h 15, samedi et dimanche de 10 h à 18 h 30, fermé le mardi. Informations pratiques sur www.planete-cerveau.fr.
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