LES EQUIPES françaises sont particulièrement productives de résultats qui témoignent des bienfaits d’une réduction de la fréquence cardiaque (FC). On se rappelle la présentation récente du Dr Xavier Jouven (Hegp, Paris), qui a rapporté à l’AHA un travail sur une grande cohorte d’hommes (n = 4 320), montrant, sur une période de suivi de cinq ans, une réduction de la mortalité en association avec une réduction au cours du temps de la FC.
Baisse du risque de décès cardiaques.
A ces observations réalisées en dehors de toute pathologie préexistante s’ajoutent les deux publications menées dans le postinfarctus chez des patients dont la FC est réduite par la prise de bêtabloquants.
M. Cucherat (Lyon) et coll. ont trouvé, après analyse de ce qui a été publié jusqu’en janvier 2006, «des preuves robustes que les effets bénéfiques des bêtabloquants dans le postinfarctus sont dus à la réduction du rythme cardiaque; et que le bénéfice est, pour une part, tout au moins, proportionnel à l’importance de la réduction de fréquence obtenue».
Ainsi, «pour une diminution de 10 battements par minute, l’odds ratio des décès cardiaques est réduit de 26%».
Cette revue de la littérature a permis de sélectionner 24 études répondant aux critères choisis : patients traités sur le long terme par des bêtabloquants après un infarctus et publication présentant des données sur la mortalité et les modifications de la FC.
Parmi 24 études sélectionnées (23 558 patients), les Français en ont retenu 14 dans lesquelles la réduction du rythme est mentionnée. Les patients ont été traités tôt ou tard après les premières manifestations de l’infarctus, pendant des durées variant de neuf mois à deux ans ; environ un tiers d’entre eux ont des antécédents d’angor.
Une relation significative est montrée entre la réduction de la FC et le risque (log des odds ratios) pour : un décès d’origine cardiaque (p = 0,02), une mort subite (p < 0,01) et une récurrence de l’infarctus (p < 0,01). Une association du même ordre, mais non significative, est trouvée avec la mortalité de toutes causes (p = 0,17).
EPHESUS, dans le postinfarctus.
Ce que confirme l’étude EPHESUS (Eplerenone Post-Acute Myocardial Infarction Heart Failure Efficacy and Survival Study), montrant l’importance de la prise en compte de la FC pour prédire la survenue de complications (P. Deedwania et coll., dont le Français Faied Zannad, Toul). «Le rythme cardiaque est un puissant prédicateur de la mortalité de toutes causes, de la mortalité cardio-vasculaire, du rapport mortalité cardio-vasculaire/hospitalisations cardio-vasculaires et de la mort subite dans le postinfarctus chez des patients ayant une dysfonction systolique du ventricule gauche ou une insuffisance cardiaque.»
En dépit d’une prescription thérapeutique adaptée comportant des bêtabloquants, si la FC s’accroît, les risques de mortalité et de morbidité augmentent.
L’étude EPHESUS, chez des patients en postinfarctus compliqué d’insuffisance ventriculaire gauche, a montré des réductions significatives de la mortalité et de la morbidité lorsque l’éplérénone est ajoutée au traitement standard. Comme on sait qu’une FC de base élevée est un facteur de risque de complications dans ce contexte, les auteurs ont cherché l’impact de la FC de base sur la mortalité chez des patients sous traitement optimal. Les 3 319 patients sous éplérénone (et 3 313 sous placebo) ont été suivis pendant deux ans et demi. Soixante-quinze pour cent des patients recevaient le bêtabloquant à l’inclusion. La FC de base est associée de manière très significative au risque de mortalité de toutes causes, de mortalité cardio-vasculaire, du rapport mortalité cardio-vasculaire/hospitalisations cardio-vasculaires (p < 0,0001 pour tous) et de mort subite cardiaque (p = 0,008). Après avoir divisé les patients en tertiles, on observe une augmentation significative du risque pour tous ces critères d’évaluation, entre le tertile le plus bas (de 36 à 69,5 bpm) et le tertile le plus haut (de 80 à 140 bpm).
Ces résultats plaident, d’une part, pour une prise en compte de la FC en tant qu’indicateur de santé ou de risque de morbidité et, d’autre part, pour obtenir une réduction, par les moyens physiques (sport, alimentation…) chez les individus en bonne santé, et par un traitement approprié dans les contextes pathologiques.
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