A LA FRONTIÈRE de différentes spécialités, médicales ou chirurgicales, la proctologie nécessite des compétences en neurologie, en urologie et en gynécologie. L'enseignement théorique et pratique de la proctologie est pourtant unanimement considéré comme insuffisant. Conscient de cet inégal enseignement dans l'Hexagone, le Dr Patrick Atienza, chef de service de proctologie médico-interventionnelle des Diaconesses (Paris), souhaite de longue date faire évoluer la formation de cette discipline. «Les choses se dégradent depuis quelques années, constate le praticien. De nouvelles pathologies se développent. L'incontinence anale prend de l'ampleur comme les lésions précancéreuses du canal anal, les pathologies de l'anus chez les patients atteints du HIV, les troubles de la statique pelvienne...» Le proctologue dit rencontrer plusieurs fois par jour des patients mal opérés pour des fistules avec une aggravation de prise en charge et un surcoût pour l'assurance-maladie.
Le fait du prince pour l'enseignement.
Le Dr Atienza demande depuis plusieurs années la création d'un DESC pour faire face à l'absence d'enseignement structuré. «Aujourd'hui, la formation est le fait du prince, dit-il. La proctologie n'est pas reconnue comme une filière universitaire. En province, un proctologue règne sur deux ou trois départements.» Il y a en France trois cents proctologues – dont environ deux cent vingt viennent de la gastro-entérologie – pour plus de 60 millions d'habitants. «C'est léger, commente le Dr Atienza. La formation théorique est assurée mais la formation pratique est nulle. On a comblé ces dernières années le vide sanitaire en mettant en place un diplôme interuniversitaire(DIU) de proctologie purement théorique avec très peu de stages chez des proctologues privés. Seuls quelques terrains de stage accueillent des internes qui peuvent opérer.» Il existe bien un DU à Paris et un autre à Lyon mais, selon le praticien, la formation n'est pas unifiée au niveau théorique. «Il faudrait définir de nouveaux terrains de stage en France –au moins cinq sur le reste de la France– en complément de la formation théorique et ouvrir un stage de six mois pour la chirurgie digestive et de dix-huit mois pour la gastro-entérologie», confie le Dr Atienza. Les oppositions à la création de ce DES ne manquent pas. «Les doyens ne veulent pas d'un DESC et certains chirurgiens bloquent», affirme le proctologue. Aucune enquête scientifique n'a pour l'instant été menée sur la prise en charge des patients en proctologie. «Ce serait ouvrir la boîte de Pandore», conclut le Dr Atienza.
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