Né à la fin de la guerre, au cours de ma vie, je n'ai pu constater que l'extraordinaire, l'éclatante efficacité et réussite des vaccins. Aucune thérapeutique n'a apporté plus de bienfaits à l'humanité !
Il est consternant, affligeant de constater qu'aujourd'hui quelques individus incultes, ignorants tout du passé, remettent en cause cette exceptionnelle prévention biologique des grandes pathologies infectieuses.
Si la variole, cette maladie épouvantable qui frappait indistinctement dans le monde entier toutes les classes sociales (rappelons que Louis XV est mort de variole) a disparu, c'est grâce au seul vaccin. Il faut relire l'histoire pour imaginer ce fléau. Louis XVI, homme pleutre, connu pour son manque de décisions, n'a pas renoncé face au danger à se faire inoculer et à faire inoculer ses enfants, c'est-à-dire à les faire vacciner.
Puis ce fut au tour de la diphtérie et du tétanos de disparaître chez les personnes vaccinées contre ces deux pathologies. Qui de ma génération n’a pas entendu parler de morts par diphtérie ou tétanos dans l'entourage de ses parents et grands-parents ?
Quand j'étais enfant, c'est la polio qui frappait, parfois par grandes épidémies. Mes parents avaient peur qu'un ou plusieurs de leurs enfants soient touchés par cette terrible maladie. Notre petit voisin, notre camarade d'école avait eu la polio. Mes parents nous interdisaient de nous baigner l'été dans certains lieux où l'eau pouvait être contaminée par le virus. Nous étions quotidiennement confrontés à cette affection paralysante. Dans la rue nous croisions les anciens malades avec leurs paralysies, leurs difficultés de déplacement, leurs séquelles orthopédiques multiples. Je me souviens d'un de mes professeurs au corps totalement déformé par cette maladie. Cet homme se déplaçait en se contorsionnant. Entrant sans prévenir dans la classe, je l'avais surpris urinant dans un pistolet car il ne pouvait se mouvoir sans grande difficulté. Quand le premier vaccin Salk est arrivé, ce fut un vrai miracle. Cette pathologie a été vaincue, a disparu au fur et à mesure de la diffusion du vaccin. Cette étonnante victoire de la vaccination, je l'ai vécue. La peur de la polio a disparu chez mes parents quasiment du jour au lendemain, dès que j'ai été vacciné. À l’époque personne ne se posait de question sur de potentiels effets secondaires. Le vaccin était efficace, il protégeait contre la maladie, c'est cela seul qui comptait.
Au cours de mes études médicales, les seuls patients atteints de polio aiguë que j'aie rencontrés étaient non vaccinés et venaient d'Afrique.
Devenu pédiatre, j'ai vu des nourrissons mourir de la coqueluche quelques heures après leur venue à l'hôpital. La coqueluche, maladie quasi obligatoire, était le plus souvent mortelle chez les petits nourrissons et terriblement invalidante chez les plus grands. C'était une pathologie épouvantable pour les familles qui ne pouvaient dormir plusieurs mois de suite en raison des quintes de toux bruyantes et incessantes de l'enfant malade qui devait constamment être surveillé.
La coqueluche vaincue, c'est la rougeole que j'ai vu disparaître. En dehors de la phase aiguë invalidante, ce sont les complications secondaires qui remplissaient les lits de pédiatrie. Je ne m'étendrai pas sur l’horreur des encéphalites rougeoleuses ou post-rougeoleuses !
En tant que pédiatre, je rencontrais, avant l'apparition du vaccin Hémophilus Influenzae b environ 4 méningites de ce type par an ! Grâce au vaccin j'ai vu cette pathologie disparaître.
J'ai trop pris en charge de méningococcémies, de purpuras fulminans, l’obsession de tout médecin d'enfants, pour avoir une quelconque réticence face aux vaccins antiméningococciques. Quand l'enfant survit, les séquelles, les amputations peuvent être effroyables ! Cela perdure car les enfants ne sont pas tous vaccinés en France.
Quand vous avez soigné des hépatites chroniques agressives vous ne pouvez que recommander le vaccin hépatite B.
Je ne vais pas détailler chacune des maladies qui peuvent aujourd'hui être prévenues par un vaccin sans danger. Pédiatre, j'ai vu cette spécialité, la pédiatrie évoluer, se transformer. Les pédiatres qui m'ont précédé étaient principalement des infectiologues. Les pathologies infectieuses remplissaient les nombreux lits de pédiatrie des hôpitaux. J'ai assisté, avec l'apparition successive des nouveaux vaccins, à la réduction progressive des lits de pédiatrie. Les oreillons par exemple, pathologie le plus souvent bénigne, étaient responsables de multiples hospitalisations. Nous étions contraints de faire des ponctions lombaires douloureuses aux enfants pour assurer le diagnostic, différencier la méningite virale ourlienne d'une méningite bactérienne.
Dans l'établissements d'enfants handicapés où j'ai travaillé, j'ai pris en charge un enfant aveugle, encéphalopathe par rubéole congénitale. La mère n'avait pas été vaccinée !
Aujourd'hui, grâce aux 11 vaccins recommandés qui devraient être obligatoires en janvier prochain, les pathologies infectieuses ont considérablement régressé. Le vaccin contre le pneumocoque a apporté une nette diminution des infections invasives, des infections respiratoires graves, des otites.
Avec la disparition des grands fléaux infectieux grâce la découverte régulière de nouveaux vaccins, la pédiatrique a pu évoluer, se diversifier, développer la néo-natologie, l'endocrinologie et les troubles de croissance, la génétique puis s'ouvrir aux troubles cognitifs.
Il faut n'avoir vraiment aucune expérience médicale, aucune expérience pédiatrique, aucune expérience en infectiologie ou en réanimation, aucune culture historique, il faut être « bobologue » comme certains homéopathes pour s'opposer aux vaccins.
Certes, nous aimerions ne disposer que de vaccins parfaits, sans aluminium, mais dans ce cadre, devant l'excellent rapport bénéfices/risques, il nous est impossible de discréditer les vaccins. Nous devons tant aux vaccins, à tous ceux qui les mirent au point, que ne pouvons que nous battre contre ces personnes qui sèment le doute, le poison auprès du grand public.
Nous ne pouvons accepter que des enfants meurent à nouveau dans notre pays de maladies qui auraient pu être prévenues par la vaccination. Les parents coupables de n'avoir pas fait vacciner leurs enfants devraient être condamnés.
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