L’EDITORIALISTE d’un numéro du « Lancet » presque entièrement dédié à l’asthme plaide pour que l’on abandonne le concept de l’asthme considéré comme une maladie. «Peut-être l’asthme, pris en tant que symptôme, n’est-il que la manifestation clinique commune de différentes maladies distinctes.»
Les praticiens connaissent bien les difficultés posées par la maladie, tant pour la compréhension des causes sous-jacentes de l’inflammation bronchique que pour le contrôle des symptômes. Et ils savent que l’on est incapable encore de dire pourquoi, en présence de cette inflammation, certaines personnes font un asthme et d’autres pas. Les spécialistes sont préoccupés par l’augmentation de prévalence, particulièrement chez les enfants, dans les pays développés et dans ceux qui tendent à adopter un mode de vie occidentalisé. Les études observationnelles et épidémiologiques, comme l’étude ISAAC, ont fait apparaître des modes de présentation variés de l’asthme. A la suite de Tucson et coll. (en 1995), on peut caractériser différents types de sifflements (wheezing) chez des enfants qui ne font pas tous un asthme. Souvent, les sifflements cessent à l’âge scolaire chez des enfants qui avaient commencé à siffler à la suite d’une infection virale. Des explications sont recherchées dans des grandes études de cohorte qui sont en cours (comme la Multicenter Allergy Study). On aimerait pouvoir prédire qui va avoir un asthme pour étudier les moyens de prévention.
En attendant, la communauté des spécialistes considère que l’asthme n’est pas une maladie univoque, que ce soit chez les enfants ou chez les adultes. Des auteurs, comme Sally Wenzel et coll. ont décrit une approche pour distinguer différents phénotypes et sous-phénotypes, qui présentent des points de recoupement. Ces phénotypes sont-ils les stades différents d’un processus sous-jacent identique (l’inflammation bronchique), chez des sujets qui réagissent à des déclencheurs variés ?
La fièvre, ancienne maladie à part entière.
Comme le disait Martinez, jusqu’au XIXe siècle la fièvre était considérée comme une maladie à part entière. Peut-être dans vingt, trente ou cinquante ans en sera-t-il pour l’asthme comme pour la fièvre. Aussi, pourquoi attendre ? «(…) Il est temps de sortir de l’étroitesse d’un terme réducteur», qui fait croire à une maladie unique. Il serait bon d’abolir entièrement le terme d’asthme, écrit l’éditorialiste. La maladie est connue depuis l’Antiquité. Le mot asthme vient du grec (aazein) et signifie « respirer la bouche ouverte, ou haleter ». Si Homère en parle déjà dans l’Iliade, ce n’est que dans les années 1960 que la composante inflammatoire a été identifiée. Avec le temps, la façon de voir l’asthme changera encore.
« The Lancet », vol. 368, 26 août 2006, pp. 705-706.
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