PRATIQUE
Mlle F., 33 ans, consulte fin octobre 2000 pour des lésions prurigineuses des fesses traînant depuis juin 2000. Elle a fait un séjour aux Antilles en juin-juillet 2000 et s'est fait piquer par des moustiques, notamment au niveau des fesses. Malgré un traitement local X, les lésions ont persisté et elle a donc consulté à son retour. Un traitement par cloxacilline orale pendant huit jours n'a apporté qu'un mieux partiel avec persistance du prurit. Un traitement par bêtaméthasone locale et antiseptique et par isoconazole a, lui aussi, apporté un soulagement très transitoire ; le prurit est féroce depuis une semaine.
L'examen retrouve un cordon érythémato-papuleux sinueux et irrégulier de la fesse droite (cf. photo). Le diagnostic de Larva migrans cutanée est évident. Un traitement par ivermectine 2 comprimés en prise unique est prescrit, associé à un antihistaminique et à des applications de crotamiton pour calmer les démangeaisons pendant une semaine. L'amélioration est progressive en quelques jours.
L'aspect de Larva migrans cutanée est typique : une fois visualisé, le fameux « cordon serpigineux », on ne peut plus passer à côté du diagnostic.
Le parasite en cause est une larve d'ankylostome en impasse parasitaire chez l'homme. Ces parasites sont présents surtout chez le chat et le chien dans les pays chauds et humides : Afrique noire, Antilles, Madagascar, Asie du Sud-Est, sud des Etats-Unis.
L'homme se contamine en marchant pieds nus sur la plage ou en s'allongeant sur une natte. Les localisations le plus fréquemment atteintes sont les pieds, les mains et les avant-bras ainsi que les fesses. Suite à la pénétration du parasite apparaît un prurit intense et une papule pouvant en imposer pour une piqûre d'insecte, mais la lésion se déplace de quelques millimètres par jour (quelques centimètres en cas de Larva currens).
Le meilleur traitement est actuellement le Stromectol (ivermectine) en prise unique à la dose de 200 μg/kg, soit en règle générale 2 comprimés en une seule prise. Il faut prévenir le patient que le prurit ne cessera pas immédiatement après le traitement et peut même se renforcer transitoirement du fait de la lyse parasitaire. Il est de ce fait conseillé de prescrire des applications de crotamiton qui a un effet à la fois sur le parasite et les démangeaisons, et d'associer un antihistaminique pour limiter le prurit.
En conclusion, toute lésion cutanée prurigineuse localisée et mobile en forme de cordon doit faire évoquer le diagnostic, même si l'aspect typique n'est constaté que plusieurs mois après le retour du pays d'endémie. Le traitement par Stromectol est simple et efficace.
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