L'énurésie reste aujourd'hui encore un problème trop souvent banalisé, dont les répercussions tant sur la vie de l'enfant que sur celle de la famille sont sous-estimées.
Les répercussions familiales, souvent méconnues, n'en sont pas moins importantes :
- conséquences financières (lavage, repassage, couches, traitements éventuels classiques ou non [consultations, alarmes, cures thermales...]) ;
- conséquences sur la mobilité de la famille ;
- sentiment d'échec éducatif et de culpabilité des parents : l'enquête SOFRES de 1997 et l'enquête menée par le Laboratoire Ferring en 1999 révèlent que 48 % des mères estiment qu'elles pourraient être responsables, 57 % pensent que l'énurésie a débuté à la suite d'événements particuliers ;
- dysfonctionnements familiaux engendrés par la mauvaise relation entre l'enfant et les parents, les punitions infligées à l'enfant (30 % des cas), les brimades, voire des sévices, le secret familial (l'énurésie de l'enfant est pour certains un sujet tabou).
Les répercussions sur l'enfant sont sociales, mais aussi scolaires et psychologiques. La gêne sociale de l'énurésie pour les enfants est bien réelle : l'enfant s'isole, refuse d'aller dormir chez des amis ou de partir en collectivité, et ses relations avec les autres enfants en classe ou même en dehors de la classe sont détériorées.
L'enfant s'isole
Le retentissement de l'énurésie sur la scolarité est difficile à apprécier, souligne le Dr Jean-Paul Blanc (pédiatre libéral, Saint-Etienne), responsable du Groupe de l'AFPA* sur les problèmes scolaires. Toutefois, selon l'enquête de la SOFRES de 1997, 2 % des mères, 15 % des médecins scolaires et 26 % des enseignants estiment que l'énurésie retentit sur les performances scolaires.
Cet impact négatif pourrait être lié aux répercussions psychologiques de l'énurésie dont certaines sont indiscutables, telles que le repli sur soi et le manque de confiance, la diminution de l'estime de soi.
Angoisse, instabilité-hyperactivité, agressivité, troubles de l'humeur et troubles du sommeil : il est difficile d'établir avec certitude un lien de causalité entre les symptômes observés et l'énurésie.
Les répercussions réelles de ce sujet « tabou » dans les familles et dans la société sont encore à préciser, d'où l'intérêt de l 'enquête nationale « Pipi au lit », initiée par le Laboratoire Ferring pour évaluer le retentissement de l'ENPI sur la vie scolaire, familiale et relationnelle de l'enfant. Cette enquête a débuté le 1er octobre 2002, elle doit être menée sur vingt-quatre mois auprès de 3 000 familles, ses résultats feront l'objet d'une publication.
Rassurer, déculpabiliser, chercher l'adhésion
Après confirmation du diagnostic d'ENPI, la première étape repose sur la qualité de l'entretien entre l'enfant, le ou les parents et le médecin, l'objectif étant de rassurer l'enfant sur sa « normalité », de le déculpabiliser, d'entraîner sa coopération et son adhésion au traitement.
Cette première consultation est l'occasion de donner des conseils simples (veiller à ce que les boissons soient régulièrement réparties dans la journée pour pouvoir les restreindre le soir, vider sa vessie juste avant de s'endormir..., supprimer les couches) et de faire participer l'enfant par la tenue d'un calendrier mictionnel. Souvent, cette prise en charge comportementale ne suffit pas, des traitements spécifiques non médicamenteux et/ou médicamenteux pourront alors être envisagés lors des consultations suivantes.
Un conditionnement par alarme sonore peut donner de bons résultats (de 70 à 85 %) chez un enfant motivé, suffisamment mature pour en comprendre le fonctionnement, si les conditions de vie sont compatibles (chambre individuelle), et si les parents sont coopérants. En France, les alarmes sonores sont peu utilisées en raison de leur coût et de l'absence de prise en charge par la Sécurité sociale.
Parmi les traitements médicamenteux, la desmopressine (Minirin), est indiquée en première intention dans l'ENPI polyurique. Utilisée sous forme de spray nasal chez les enfants à partir de 5 ans, Minirin est maintenant disponible sous forme de comprimés à 0,2 mg pour les enfants à partir de 6 ans.
Les antidépresseurs tricycliques ne sont pas un traitement de première intention dans l'ENPI, explique le Dr Anne Van Egroo (hôpital Jeanne-de-Flandre, néphrologie pédiatrique, Lille) : leur marge thérapeutique est étroite, leur utilisation reste limitée aux énurésies réfractaires des grands enfants après avoir prévenu les familles du risque d'effets indésirables graves liés au surdosage.
En cas d'échec de la monothérapie, une association entre différents traitements peut être envisagée, comme desmopressine et alarme sonore.
« Conceptions actuelles de l'énurésie nocturne isolée », symposium organisée par le Laboratoire Ferring.
* Association française de pédiatrie ambulatoire.
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