Curseur politique ou outil thérapeutique ? Depuis 1967, date de son autorisation en France par la loi Neuwirth, la pilule n’a cessé d’être un instrument brandi tant par la droite que par la gauche pour signifier l’implication des gouvernements dans la défense du droit des femmes. En mars 2011, Xavier Bertrand se déclare favorable au remboursement des pilules de 3e génération. Aujourd’hui tétanisée par les plaintes de patientes s’estimant victimes des effets thrombo-emboliques des dites pilules, son successeur anticipe leur déremboursement de 6 mois ! On aura tout entendu sur la pilule. Prescription autorisée aux paramédicaux, renouvellement possible par les infirmiers, délivrance en pharmacie malgré une ordonnance périmée. Et, soudain, la semaine dernière, on parle de priver les médecins généralistes de prescription ! Si, effectivement, le contrôle des naissances relève des prérogatives gouvernementales, à trop jouer avec le feu, Marisol Touraine pourrait bien s’y brûler. Elle découvre brutalement que les pilules ne sont pas des bonbons à distribuer comme des bons points mais bien des médicaments.?
Car le risque thrombo-embolique de la contraception orale est tout sauf méconnu des médecins … y compris généralistes ! Il figure dans toutes les précautions d’emploi de toutes les pilules, 1re et 2e générations comprises. Et, dès 2007, la HAS lors de la réévaluation du SMR des pilules de 3e génération, avait déjà recommandé de placer cette classe en seconde intention. Mais on ne peut que regretter le peu de médiatisation de cette décision à l’époque, d’autant que jamais aucune recommandation officielle sur le rationnel de prescription des méthodes contraceptives n’a été publiée par les autorités sanitaires.
Pour autant, y avait-il urgence à brusquer les décisions ? Le risque embolique de la pilule est certain mais rare, comparé à celui induit par une grossesse non désirée suivie d’une IVG si les femmes affolées stoppent brutalement leur pilule. Hasard du calendrier, l’IVG est désormais remboursée à 100% alors que beaucoup de pilules ne le seront bientôt plus ! Le gouvernement aurait été bien inspiré de reporter le gain généré par le déremboursement des pilules de 3e génération sur celui de pilules moins thrombogènes… qui, à ce jour, ne le sont pas. Il y aurait gagné en efficacité sanitaire et en cohérence politique car un déremboursement ne se substitue pas à une me?sure de sécurité sanitaire.
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