Différentes modalités de contraception d'urgence sont actuellement utilisées. La plus ancienne des méthodes médicamenteuses consiste en deux prises à 12 heures d'intervalle de 0,1 mg d'éthinyl-estradiol et de 0,5 mg de lévonorgestrel. Mais, en raison de ses effets indésirables, cette méthode tend à être remplacée soit par une dose unique de 10 mg de mifépristone, soit deux prises de 0,75 mg de lévonorgestrel (la seconde prise 12 heures après la première), soit, enfin, une dose unique de 1,5 mg de ce médicament.
Parce qu'aucune étude n'avait encore comparé l'efficacité de ces trois méthodes, des chercheurs de l'OMS ont mis en place un essai multicentrique randomisé dans 10 pays (Chine, Finlande, Géorgie, Hongrie, Inde, Mongolie, Slovénie, Suède, Suisse et Royaume-Uni). Les médecins des centres de planning familial ont procédé à l'inclusion de femmes ayant eu un rapport non protégé dans les 120 heures précédant la consultation et ne désirant pas continuer une éventuelle grossesse.
Les 4 136 femmes incluses ont reçu l'un des trois traitements testés et ont été revues en consultation à plusieurs reprises (une première fois une semaine après la prise, puis tous les mois pendant deux mois). Il leur a été demandé de n'avoir que des rapports protégés durant les six semaines suivant la consultation initiale.
Taux de grossesses de 1,5 et 1,8 %
Chacun des 15 centres a inclus de 122 à 447 femmes. Au total, 1 380 ont reçu du mifépristone, 1 379, une dose unique de 1,5 mg de lévonorgestrel, et 1 377, une double dose (0,75 mg à chaque prise) de ce produit.
« Nous avons pu réaliser un suivi complet pour 4 071 de ces femmes et le taux de grossesses constaté a été de 1,5 % dans le groupe mifépristone et dans le groupe lévonogestrel en prise unique, alors qu'il était de 1,8 % dans le groupe lévonogestrel en double prise », analysent les experts du groupe OMS sur la contraception et la régulation de la fertilité.
En raison du nombre de sujets inclus dans l'étude, cette différence n'est pas significative. Néanmoins, les auteurs suggèrent qu'un nouvel essai comparant les deux dosages de lévonogestrel et incluant un plus grand nombre de femmes puisse indiquer une différence significative de risque de grossesse.
Parmi les effets indésirables rapportés, certains sont retrouvés de façon similaire dans les trois branches de l'étude : nausées (14 %), vomissements (1 %), diarrhée (4 %), asthénie (14 %), troubles de l'équilibre (9 %), céphalées (10 %), tension mammaire (8 %) et douleurs pelviennes (14 %). En revanche, des saignements étaient significativement plus fréquents lors de la prise de lévonorgestrel quelle que soit la dose prescrite (31 % contre 19 %), et il existait un retard d'apparition des règles chez 9 % des femmes sous mifépristone, contre 5 % lors de la prise de lévonorgestrel.
Les auteurs soulignent que la présence de plus d'une soixantaine de femmes perdues de vue pourrait représenter un biais dans l'étude si l'incidence des grossesses dans ce groupe est supérieure à celle de la population analysée. Néanmoins, une telle probabilité ne paraît pas réaliste compte tenu des types de recrutement et de tirage au sort effectués.
Fertilité variable selon les populations
Enfin, le Dr Helen von Hertzen souligne que « le taux d'échec quel que soit le traitement prescrit était plus élevé chez les femmes chinoises que les autres participantes ». Cette observation a déjà été rapportée dans différentes études multicentriques concernant la fertilité. L'hypothèse d'une différence dans le métabolisme des stéroïdes avait donc été émise. Mais l'existence d'un taux d'échec de la contraception par dispositif intra-utérin chez ces femmes ne permet pas d'exclure des variations dans la fertilité selon les populations.
« The Lancet », vol. 360, pp. 1803-1809, 7 décembre 2002.
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