« MON PREMIER CONSTAT est que notre industrie me paraît être à la croisée des chemins. » C'est par ces mots que le président du Leem a commencé son intervention devant un parterre de responsables de ce secteur d'activité, réunis par l'Association des cadres de l'industrie pharmaceutique (Acip).
Pour Pierre Le Sourd, la première raison de ce diagnostic tient à « la complexité nouvelle du progrès thérapeutique » : sur les 18 000 pathologies recensées par l'OMS (Organisation mondiale de la santé), seulement environ 6 000 bénéficient de thérapeutiques satisfaisantes, alors que, dans le même temps, « les maladies qui restent à traiter sont beaucoup plus complexes et difficiles à traiter que ce qu'on imaginait ; d'où l'obligation pour la recherche industrielle de changer de méthodologies de recherche, en espérant qu'elles apportent les solutions thérapeutiques exigées par les malades ».
Harcèlement.
La deuxième raison avancée par le patron du Leem est que l'environnement global de l'industrie pharmaceutique « est devenu difficile ». Et Pierre Le Sourd de citer le problème des nombreuses molécules qui vont tomber dans le domaine public et pourront être génériquées, mais il va plus loin : « On assiste à des mesures croissantes de contrôle des dépenses, comme si l'industrie pharmaceutique était un peu devenue victime de son succès, et qu'elle subissait une sorte de harcèlement au moment même où elle est fondamentalement déstabilisée par toute une série de mesures, comme les pressions sur les prix, les déremboursements, les TFR, les génériques, l'encadrement des prescriptions, autant d'exemples de mesures de contrôle des dépenses de santé qui sont toutes plus ou moins appliquées dans l'ensemble des pays développés, mais dont on ressent bien l'accélération depuis ces derniers mois et ces dernières années. »
Et, à ces contraintes nouvelles, le Leem se propose de répondre point par point. Tout d'abord en relevant « le défi de l'innovation », pour lequel il faut tout mettre en œuvre : ça comprend le thème de la reconnaissance de la propriété intellectuelle, car il faut rémunérer l'innovation ; le développement des biotechnologies ; les synergies, passerelles et échanges entre recherche publique et recherche privée, et tout ce qui, d'une manière générale, a trait aux conditions d'attractivité, et qui permettra que l'innovation se développe en France ». De plus, l'industrie pharmaceutique devra relever le défi de la qualité, « valeur considérée comme normale au sein de l'industrie », mais qui est menacée, selon lui, « par la contrefaçon, par le commerce parallèle et par la pression sur les prix ».
Pierre Le Sourd en profite pour lancer un appel du pied au gouvernement, et lui poser une question : le Leem se déclare certes tout à fait conscient des impératifs économiques à court terme dictés notamment par « le déficit abyssal de l'assurance-maladie », mais il ne faut pas oublier les enjeux stratégiques du long terme : « Lorsque beaucoup de nos médicaments seront génériqués, la compétition de certains pays comme la Chine va rendre très difficile la survie de certains sites industriels. Par rapport aux médicaments de haute technologie de demain, issus des biotechnologies, quelle est aujourd'hui la politique du gouvernement qui donnera une chance au développement en France d'une stratégie de politique industrielle cohérente ? »
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