Pierre Larrouturou : la RTT suppose des incitations fiscales pour les libéraux

Publié le 03/09/2001
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LE QUOTIDIEN - Pour les médecins libéraux, travailler moins revient obligatoirement à gagner moins. Pensez-vous que le contexte des 35 heures peut, malgré tout, les inciter à réduire leur temps de travail ?
PIERRE LARROUTUROU
 -  La réduction du temps de travail séduit effectivement un certain nombre de personnes, que l'on soit salarié ou professionnel libéral. Le problème, c'est que le système d'exonérations mis en place pour les salariés ne marche pas très bien et qu'il n'y a absolument rien de prévu pour les professions libérales et c'est vraiment dommage. C'est sans doute un frein important.
Que préconisez-vous comme aide pour les professions libérales afin qu'elles ne soient pas trop pénalisées par une réduction du temps de travail (RTT) ?
Dans le système que nous proposons, il y a une baisse de la fiscalité qui permet de limiter la baisse du revenu à 2 ou 3 % en moyenne quand quelqu'un passe à la semaine de quatre jours, qu'il soit dans le secteur public, le secteur privé ou en profession libérale. En fait, depuis le début, on dit qu'il ne faut pas toucher au revenu des salariés en-dessous de 10 000 francs mensuels. Au-dessus de 10 000 francs, la baisse de salaire est à négocier mais en gros, elle tourne autour de 3 %.
Autre obstacle pour les médecins : dans certaines zones sous-médicalisées, la RTT menacerait la permanence des soins. Est-ce qu'il suffit de revoir les modes d'organisation, comme dans les entreprises ?
Il faudrait avoir un vrai débat public là-dessus et se donner le temps pour réussir la manœuvre.
Il aurait fallu avoir une négociation sur les régions sous-médicalisées et celles qui sont surmédicalisées, et se donner les moyens, sur quelques années et non en six mois, pour trouver comment rééquilibrer progressivement la donne. Or ce chantier-là n'a pas été ouvert sérieusement.

Propos recueillis par Agnès BOURGUIGNON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6959