UN PARAGRAPHE dans le récent message envoyé par Pierre Costes aux adhérents et responsables de MG-France a soulevé un certain émoi au sein de cette organisation. « J'ai décidé, écrit-il, de ne pas solliciter le renouvellement de mon mandat triennal de conseiller national au sein du comité directeur qui vient à échéance le 9 décembre. En conséquence, je ne saurais postuler au poste de président. » Six années, après avoir succédé à Richard Bouton à la présidence de MG-France, Pierre Costes a donc décidé de passer la main. « J'avais annoncé en 2000, lors de mon premier mandat, que je partirais au bout de six ans, je respecte cette parole », explique-t-il au « Quotidien ».
C'est un personnage « historique » de MG-France qui s'en va. Il rappelle d'ailleurs, en souriant, qu'il a créé MG-Drôme avant même que ne fût officiellement fondé MG-France en 1986. Acte auquel il a d'ailleurs activement participé. « J'ai accompagné tous les combats syndicaux depuis vingt ans, comme militant, puis comme responsable national, en tant que secrétaire général, enfin, en tant que président, et il est temps aujourd'hui de partir. »
Pierre Costes s'en va sur une victoire électorale indéniable qui a vu son syndicat effacer, et de quelle façon, la défaite - certains parlaient même à l'époque de déroute - aux Urml de 1994. « Il y a six ans, commente-t-il , MG-France avait subi un échec électoral, MG-France était isolé, radicalisé. Tout autre est la situation aujourd'hui. » Partir en pleine gloire n'est sans doute pas pour lui déplaire.
Place aux jeunes générations.
« Ce n'est pas ma motivation, se défend-il. Les défis qui attendent les jeunes générations sont extraordinaires et essentiels pour l'avenir de la médecine générale et des généralistes. Il faut préparer cet avenir qui verra les généralistes devenir des spécialistes, et cela est dès aujourd'hui une réalité. Il faut passer le relais aux jeunes générations. A elles de se prendre en main, de mener le combat. »
Et le Dr Pierre Costes, que fera-t-il le 11 décembre au lendemain de l'assemblée générale du syndicat ? « De la médecine générale, répond-il, et des gardes. Je serai d'ailleurs de garde le 25 décembre. Mes confrères m'ont souvent remplacé pendant mes années de syndicalisme. A moi aujourd'hui de leur rendre la pareille. »
Il demeure que le président s'en va au moment où vont se dérouler des batailles décisives pour la médecine générale, s'agissant aussi bien du C = CS, que des conditions d'exercice, de la place de la médecine générale au sein du corps enseignant et des universités, des problèmes démographiques, des réalités conventionnelles, sans parler des échéances électorales nationales qui auront leur importance pour la profession. Les bagarres et les combats risquent d'être rudes. Le moment est-il vraiment bien choisi pour partir ? « Les jeunes médecins de MG-France sont prêts à relever ces défis. Il faut savoir, dit-il, que, sur onze membres du bureau national, seulement cinq étaient déjà là lors de la précédente élection. »
Reste le problème de la succession du Dr Costes. « Plusieurs responsables syndicaux sont d'ores et déjà prêts à reprendre le flambeau », dit-il, en prenant bien garde de citer un nom. Beaucoup cependant murmurent déjà le nom de Martial Olivier-Kohret, aujourd'hui premier vice-président du syndicat. Lui, en tout cas, élude la question. Mais son discours est vif, voire électoral. « Quand je vois qu'un ministre (Philippe Bas, ndlr), devant la représentation nationale, affirme que des syndicats qui n'ont pas signé la convention ont un pouvoir de nuisance, simplement parce qu'ils affirment leur opposition, je me dis que la situation est grave », explique-t-il. De même, « il est inadmissible, ajoute-t-il, qu'un autre ministre (Xavier Bertrand) fasse voter un amendement simplement pour combattre le droit d'opposition des syndicats non représentatifs. En l'occurrence, le gouvernement nie le vote des médecins aux Urml. C'est un déni de démocratie ». Des propos qui ne dépareraient pas un discours de candidat.
Derniers mandats pour les Drs Combier (Unof) et Cabrera (SML)
A l’heure où MG-France prépare la succession annoncée de son président Pierre Costes, deux autres responsables syndicaux envisagent leur départ... après un ultime mandat. Selon nos informations, le Dr Dinorino Cabrera, président fondateur du Syndicat des médecins libéraux (SML), organisation qui fêtera dans quelques jours ses 25 ans (les statuts du SML furent déposés le 8 décembre 1981...), se présentera pour un dernier mandat de deux ans lors de la prochaine assemblée générale élective du syndicat, le 9 décembre. Le Dr Cabrera consacrera notamment ce mandat à l’émergence de nouvelles personnalités.A l’Unof cette fois, branche généraliste de la Csmf, le Dr Michel Combier devrait solliciter lui aussi un dernier mandat en tant que président (quatre ans), à l’occasion du renouvellement du comité directeur du syndicat, prévu le 20 janvier prochain. La décision n’est pas définitive mais «les chances sont fortes», confie le généraliste toulousain.
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