EN TRENTE ans, le nombre de patients asthmatiques a plus que doublé (près de 3,5 millions de Français sont touchés) ; les décès (2 000 par an) sont liés dans la plupart des cas à des crises récurrentes ou prolongées insuffisamment ou mal traitées ; les hospitalisations augmentent. La prise en charge de l'asthme est loin d'être optimale. Certes, les actions proposées selon les cinq objectifs du plan asthme 2002-2005 ont été mises en place. Toutefois, les experts demandent un deuxième plan asthme en mettant l'accent sur la mobilisation et l'information des professionnels de santé et des patients pour que ces derniers participent davantage à leur prise en charge ; et sur les efforts à faire pour obtenir le contrôle total de l'asthme par un traitement efficace, et donc diminuer le nombre des patients se résignant à subir les symptômes d'asthme résiduel et une qualité de vie altérée. « La qualité de vie est un objectif incontournable et nous devons traiter le malade dans son contexte familial, environnemental, psychologique, socioculturel », estime le Pr D. Vervloët.
En dépit du traitement, de 20 à 40 % des asthmatiques conservent des exacerbations aiguës et un handicap concernant les activités physiques, mentales et sociales.
Ecart entre perception et réalité.
Des études multicentriques montrent un écart entre la perception du contrôle de son asthme par le patient et la réalité des symptômes présentés (réveils nocturnes, toux permanente, oppression thoracique, essoufflement). Selon une enquête récente (The Asthma Insights and Reality in Europe), la moitié des malades souffrant de symptômes graves considèrent que leur asthme est bien contrôlé. Dans une étude récente de l'Urcam région Paca, plus de deux tiers des patients ont un asthme non contrôlé, 39 % ont eu recours aux soins d'urgences (dont 50 % chez les enfants) : dans cette étude, la campagne de sensibilisation des médecins a permis de diminuer les symptômes et le recours aux traitements de « secours » et aux soins en urgence. Selon une étude française en cours de publication, l'éducation avec plan d'action personnalisé permet d'améliorer le contrôle de l'asthme et la qualité de vie.
L'asthme est caractérisé par une inflammation bronchique, déclenchée par l'exposition aux allergènes ou autres facteurs favorisants, qui entraîne une hyperréactivité bronchique à l'origine des crises d'exacerbation et une série de symptômes spécifiques. Toutes les conférences de consensus concluent à la nécessité d'un traitement de fond pour contrôler cette inflammation chronique, laquelle fait intervenir de nombreux médiateurs tels que l'histamine, les cytokines, les prostaglandines et les leucotriènes.
Le traitement de fond repose sur les anti-inflammatoires et la lutte contre la pollution allergénique et la pollution chimique, qui peuvent se potentialiser. Il est établi que les corticoïdes inhibent la synthèse des cytokines et des prostaglandines ; mais leur efficacité sur l'inhibition de la synthèse des leucotriènes est limitée. Les effets inflammatoires de ces médiateurs peuvent être bloqués par les antagonistes des récepteurs aux leucotriènes (le montélukast). D'où l'intérêt de l'association corticoïdes-antileucotriènes.
Rhinite allergique associée.
L'amélioration de la prise en charge de la maladie asthmatique passe aussi par la prise en compte des manifestations ORL - plus de 80 % des asthmatiques ont une rhinite allergique associée, ce qui est en faveur d'un traitement simultané de l'asthme et de la rhinite. Dans les nouvelles recommandations de l'Anaes, la corticothérapie inhalée (CSI) reste la base du traitement de fond ; une fois le contrôle de l'asthme obtenu, il convient de rechercher la dose minimale efficace pour maintenir un contrôle au moins acceptable, au mieux optimal. Si le contrôle n'est pas suffisant, les experts proposent d'adapter le traitement de fond en fonction du traitement reçu jusque-là : chez les patients sous CSI à dose faible ou moyenne, associer le traitement additionnel (bêta 2-agonistes de longue durée, antagonistes aux cystéinyl-leucotriènes, théophylline et ses dérivés) et, seulement en alternative, augmenter la dose de CSI.
Colloque organisé sous l'égide de la Splf, en partenariat avec l'Association asthme et allergies et les Laboratoires Merck Sharp et Dohme-Chibret et la participation des Prs Ph. Godard (Montpellier), D. Vervloët (Marseille) et Ph. Devillier (Reims).
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