ALORS QUE Xavier Bertrand s'enorgueillissait d'avoir mené à bien le dossier de la PDS (permanence des soins) avant de quitter son poste de ministre, voilà que son successeur, Philippe Bas, s'empare du dossier et prend plusieurs initiatives.
Il vient en effet d'envoyer aux préfets une circulaire dans laquelle il leur demande d'organiser au plus vite une réunion des Codamups (comités départementaux de l'aide médicale urgente et de la permanence des soins).
Les codamups réunissent en leur sein l'ensemble des structures concernées par l'AMU (aide médicale urgente) et la PDS : Ordre, préfet, Ddass (Direction départementale de l'action sanitaire et sociale), associations de PDS, Samu-centre 15, urgences, ambulanciers, pompiers.
Philippe Bas a de plus décidé de nommer le Dr Jean-Yves Grall, déjà bien impliqué dans les problèmes de la PDS et des MMG (Maisons médicales de garde), au poste de coordonnateur national de la PDS. Avec pour mission de rédiger d'ici au 15 novembre 2007 un rapport sur l'art et la manière d'apporter des réponses concrètes et durables à cette question.
Responsable du dossier au Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom), le Dr André Deseur se réjouit de cette nomination : «Le DrGrall sait de quoi il parle, il est pragmatique, et il dispose d'une excellente connaissance du terrain. Le Cnom ne peut évidemment que se réjouir de sa nomination.» S'agissant de la réunion des Codamups, André Deseur indique au « Quotidien » qu'il a été sollicité par les pouvoirs publics pour coorganiser une réunion sur la PDS au ministère de la Santé.
« Secouer les préfets ».
Rencontre à laquelle devraient participer une trentaine de préfets et de présidents départementaux de l'Ordre des médecins. Une invitation acceptée par l'Ordre, même si, de l'aveu du Dr Deseur, «il sera sans doute plus facile de déplacer les préfets que les présidents d'Ordre».
Sur cette réunion, qui doit impérativement être organisée avant le premier tour de l'élection présidentielle, c'est-à-dire avant le 22 avril, André Deseur estime qu'elle est programmée pour «secouer les préfets et les Ddass afin d'étendre au plus vite les horaires de la PDS aux samedis après-midi ou pour la transférer, passé minuit, sur les urgences hospitalières». Car, ajoute en substance André Deseur, il ne suffit pas que le décret permettant l'élargissement de la PDS au samedi après-midi existe, il faut encore le mettre en oeuvre. On sait en effet que ce texte donne simplement la possibilité aux préfets de mettre en place la PDS le samedi après-midi, lorsqu'ils le jugent nécessaire. Or il semblerait que, dans certains départements, il y ait des manques importants dans ce domaine.
Le problème de la tranche minuit-8 heures.
André Deseur regrette que les conseils départementaux de l'Ordre n'aient pas pris eux-mêmes l'initiative de ces réunions, mais, ajoute-t-il, «les présidents des conseils départementaux ont parfois quelques craintes d'affronter les préfets et les Ddass».
D'autres sujets seront abordés au cours de cette réunion, comme l'élargissement de la régulation libérale pour faire face aux pics d'appels dans les Samu ou l'évaluation de la PDS à laquelle doivent s'atteler les Codamups, afin de formuler des propositions d'amélioration.
Le problème du transfert de la PDS de la ville vers l'hôpital entre minuit et 8 heures, au menu de cette réunion, est en effet un des sujets sensibles. Bon nombre de médecins hospitaliers estiment en effet qu'il est l'un des signes de la volonté de désengagement des libéraux, tandis que certains médecins libéraux, dans des secteurs peu peuplés, ne voient pas toujours d'un bon oeil la disparition de ces astreintes de nuit, jugées plutôt lucratives, dans la mesure où elles ne s'accompagnent d'aucune activité.
Ainsi la récente bascule de la PDS vers l'hôpital après minuit en Saône-et-Loire a-t-elle fait couler beaucoup d'encre. Pour Geneviève Fribourg, inspecteur principal de la Ddass 71, «cette mesure n'est pas exclusivement la conséquence d'un problème démographique. Elle se justifie aussi par la faible activité médicale constatée sur cette tranche horaire, en moyenne 6actes par nuit pour l'ensemble du département sur la tranche minuit-8heures». Geneviève Fribourg ajoute que : «Un suivi de cette décision est mis en place. Une évaluation sera présentée au Codamups, dès la réunion en mai de cette instance.»
Du côté de Jean-Yves Grall, on se montre peu loquace. «Je dois essayer de voir ce qui bloque dans certains départements en matière de PDS, indique-t-il au “Quotidien”, en conservant la méthode que j'ai utilisée pour mon rapport sur les MMG, c'est-à-dire aller sur le terrain et rencontrer les gens. Je pars sans a priori. »
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