LA PÉRIODE allant de la préadolescence à la fin de la croissance est une période particulièrement critique, avec une croissance staturale rapide et une phase de minéralisation importante. La phase de croissance osseuse se termine trois ou quatre ans après les premières règles et un certain nombre de facteurs physiologiques (génétiques, nutritionnels, endocriniens...) et environnementaux (activité physique, consommation de tabac) sont capables de modifier la masse osseuse. Comme en témoignent les ostéoporoses des jeunes filles souffrant d'anorexie mentale (cf. encadré).
Chez la petite fille et l'adolescente en bonne santé ayant une activité physique régulière, les recommandations pour les apports de calcium doivent être avant tout nutritionnels (un laitage à chaque repas garantit environ 1 200 mg/jour). S'il n'y a pas actuellement de consensus sur une supplémentation systématique en vitamine D chez l'adolescent(e), la prescription tous les trois mois, d'octobre à mars, de 100 000 unités internationales de vitamine D en une prise est recommandée par de nombreux auteurs...
Après la ménopause.
Chez la femme, la décroissance de la masse osseuse commence quelques années avant la ménopause, se poursuit au rythme de 1 à 2 % par an durant huit à dix ans, puis ralentit son rythme pour devenir comparable à celui de l'homme, mais persiste jusqu'à la fin de la vie. Le fait de disposer d'une masse osseuse basse initiale expose donc à un risque accru d'ostéoporose. De même qu'un certain nombre de facteurs génétiques et de facteurs de risque bien identifiés : âge, ménopause précoce, tabagisme, IMC bas, inactivité physique, carence vitamino-calcique, alcoolisme, certains traitements ou maladies.
Une éventuelle carence d'apport en calcium et en vitamine D doit être corrigée en postménopause. Un consensus semble à ce jour se dégager pour retenir 75 nmol/l (30 ng/ml) comme valeur souhaitable de 25OH D sérique. La ration calcique recommandée est de 1 000 mg/jour environ. Elle peut être atteinte par l'alimentation. Ainsi, l'INPES recommande trois produits laitiers par jour et/ou la consommation d'eau minérale riche en calcium.
L'apport en sel ne doit pas être excessif, compte tenu de sa capacité à augmenter la calciurèse (objectif : natriurèse d'environ 100 mmol/j).
Une consommation excessive de caféine (supérieure à 300-400 mg par jour) augmenterait le risque de perte osseuse. La consommation de boissons alcoolisées doit être limitée et l'arrêt du tabac conseillé. La question des phytoestrogènes, molécules d'origine végétale de structure chimique proche du 17 bêta-estradiol, et de l'intérêt de la consommation régulière de produits dérivés du soja sur la densité minérale osseuse reste débattue.
Activité physique.
Chez la femme récemment ménopausée dont la masse osseuse est encore normale ou à peine abaissée, la prévention de l'ostéoporose repose, en plus des mesures diététiques habituelles, sur la pratique régulière d'une activité physique, adaptée aux capacités physiques, mais en tenant compte du fait que les exercices physiques ne s'accompagnant pas d'impact avec le sol (cyclisme, ski de fond, natation...) ont un effet modeste sur la masse osseuse. En revanche, la pratique régulière d'exercices physiques accompagnés d'impacts intenses et d'efforts brefs mais répétés (course à pied, gymnastique, danse rythmique) semble plus efficace pour ralentir la perte osseuse, notamment rachidienne. Le rythme d'une heure trois fois par semaine, à rythme soutenu, apparaît optimal. La marche semble également une bonne alternative à condition d'être pratiquée régulièrement (30 min/jour). Elle aurait un effet bénéfique tant pour ce qui concerne la DMO lombaire que fémorale.
Jusqu'à la fin de la vie, ces mesures préventives doivent être, autant que possible, poursuivies.
Anorexie mentale
Au cours de l'anorexie mentale, les carences d'apport (phosphocalciques et vitaminiques D...), l'insuffisance pondérale, l'hypoestrogénie, les modifications endocriniennes (hypercortisolisme, modifications de l'axe thyréotrope) sont autant de facteurs interférant avec le remodelage osseux et modifiant la densité minérale osseuse. Cette dernière est d'ailleurs diminuée chez les jeunes filles anorexiques, l'ostéopénie s'aggravant logiquement avec l'âge, et ce d'autant plus que l'anorexie est profonde et durable. De 38 à 50 % des patientes anorexiques ont une ostéoporose. Le mécanisme de cette ostéoporose semble différent de celle de l'ostéoporose postménopausique avec une réduction nette de la formation et le rôle essentiel des facteurs liés à la nutrition et de l'axe hormone de croissance-somatomédine C.
Legroux I et coll. Retentissement osseux de l'anorexie mentale. « Revue du rhumatisme » 72 (2005) ; 1256-62.
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