A la question « Peut-on prévenir le tabagisme ? », le Dr Catherine Mautrait (tabacologue) et le Dr Anne Branellec (ingénieur de recherche sur la dépendance au tabac) (1) répondent par l'affirmative en expliquant que cette prévention est à la fois primaire chez l'adolescent et secondaire chez l'adulte.
Chez l'adolescent, il faut informer et discuter pour prévenir le plus possible cette addiction, car, pour bon nombre d'entre eux, il s'écoule peu de temps entre les premières cigarettes et l'installation de la dépendance. Il faut donc surtout éviter de commencer. C'est pourquoi, selon les deux auteurs, plus il y a d'interdits, de barrages, moins il y a d'incitations et de risques de contagiosité, mieux c'est : certains travaux menés aux Etats-Unis montrent que dans les établissements scolaires qui ont mené une politique très rigoureuse contre le tabac, il y a deux fois moins d'adolescents fumeurs.
Si la prévention primaire a échoué, il faut s'attaquer à la prévention secondaire, c'est-à-dire la prévention des risques liés au tabac, en incitant les adultes à s'arrêter « avant qu'il ne soit trop tard ».
L'ouvrage souligne l'importance des entretiens de motivation : sur les 50 à 60 % de fumeurs qui parlent d'arrêter un jour, seulement 10 à 15 % le font vraiment. Tout un chapitre est consacré aux modalités pratiques du sevrage. Malheureusement, après l'arrêt du tabac, 80 % des fumeurs rechutent dans l'année qui suit. D'où l'importance du suivi.
Autre sujet actuel de préoccupation : la dépression. « Il n'est malheureusement pas envisageable d'éradiquer complètement la dépression, mais d'en limiter la fréquence et surtout d'en prévenir les rechutes, par un traitement approprié, souligne le Dr Frédéric Kochman, psychiatre dans les hôpitaux de Lille et de Roubaix. Il faut pour cela combattre les tabous et les idées reçues qui retardent la première consultation et compromettent le suivi du traitement, les patients craignant à tort la dépendance aux antidépresseurs.
Personne n'est à l'abri d'une dépression, un grand nombre d'entre elles évoluent sournoisement. Les reconnaître, c'est le premier pas vers la guérison... », précise le spécialiste. Dans cette optique, les signes cliniques (physiques et psychiques) devant faire évoquer une dépression sont tous détaillés dans l'ouvrage.
L'auteur insiste sur l'importance d'associer, d'emblée ou secondairement, une psychothérapie au traitement médicamenteux (une psychothérapie cognitive bien menée multiplie par deux les résultats des médicaments) et de prolonger suffisamment le traitement, puisqu'on sait que le succès thérapeutique à moyen et long terme en dépend.
La dépression du jeune enfant est également abordée, ainsi que ses facteurs favorisants, dont l'existence d'une dépression du post-partum, qui atteint 10 % des femmes et peut favoriser la survenue d'une dépression ultérieure chez l'enfant.
Collection Peut-on prévenir ?, sous la direction du Dr Brigitte Blond, Arnaud Franel Editions (Boucherville, Canada ; contact en France 01.41.44.82.15, fax 01.41.44.19.34), format : 11 x 22 cm, 90 pages, 7,50 euros.
(1) Service du Pr G. Lagrue à l'hôpital Albert-Chenevier de Créteil.
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