C’est sur les plages de l’été que se déroule l’épreuve de vérité pour les prothèses mammaires. S’agissant des prothèses externes, la conception du maillot de bain ou du bikini sera cruciale. Les fabricants sont nombreux à avoir investi ce marché pour garantir que personne ne puisse identifier la prothèse. Décolleté coupe haute, pour une tenue à toute épreuve, poche pour accueillir la prothèse et autres élastique siliconé sur le haut et baleines sur le côté, sans oublier la doublure anti-transparence, la prothèse bénéfice des meilleures stratégies textiles de camouflage.
Pour les PMI (prothèses mammaires implantées), s’agissant de chirurgie esthétique ou reconstructrice, polyamide et lycra pourront être oubliés au profit du topless sur le sable fin. Et bien sûr la visibilité de la cicatrice sera le premier critère de repérage. Mais en ce domaine, qu’il s’agisse de la voie axillaire, qui laisse le sein indemne de toute cicatrice, de la voie sous mammaire, bien dissimulée sous les seins légèrement tombants, ou de la voie sous aréolaire, extrêmement peu apparente, les techniques rivalisent d’invisibilité.
C’est alors que l’œil averti s’exercera au diagnostic sous les palmiers en observant le respect qu’ont, ou n’ont pas, les seins augmentés, à l’égard de la loi de gravitation universelle. Des poitrines au dessin sculptural qui ne réagissent à aucun changement de position, restant d’une impeccable fixité, que ce soit en position allongée sur le dos, ou en station debout, seront évidemment jugés suspectes.
De surcroît, le modelé irréprochable pourra trahir la pièce rapportée chez une femme dont l’anatomie générale n’arborera pas la même jeunesse. C’est alors la réussite chirurgicale qui permettrait d’identifier la prothèse sur les plages.
En dépit des risques d’identification, l’engouement pour exposer les augmentations à la plage reste massif. À preuve, l’explosion du tourisme esthétique, comme sur l’île de Phuket, en Thaïlande, avec des forfaits qui proposent séjour 4 ou 5 étoiles, dont une nuit en clinique ; après le passage sous le scialytique, sans transition, exposition sous le soleil. Le royaume de Siam draine ainsi une clientèle internationale qui croît de 30 % par an.
Depuis 2001, plus de 610 000 implants mammaires emplis de gel de silicone ont été vendus en France, indique en avril 2013 un rapport de l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) qui, hormis le cas des prothèses frauduleuses PIP (utilisation de gels frelatés), fait état d’un taux de rupture extrêmement faible (de 0,01 à 0,30 % selon la durée d’implantation).
Un rapport d’évaluation de la HAS (Haute autorité de santé), publié en mai 2009, fait état un score de « qualité de vie » à deux ans de 68,2 %, toutes prothèses confondues, externes ou implantées. Les critères retenus sont la souffrance émotionnelle, les symptômes physiques, les troubles sexuels et les troubles de l’image.
On peut préjuger que la satisfaction liée à l’image donnée sur les plages est intégrée dans cet ensemble.
Dr Jacques Crestinu, chirurgien plasticien à Paris
« L’identification des prothèses mammaires a longtemps été facile sur les plages, en raison de l’apparition de coques. L’organisme secrète en effet des cellules, les myofibroblastes, qui donnent naissance autour de la matière étrangère des enveloppes des prothèses lisses, à des fibres conjonctives. Ces fibres créent une contracture capsulaire, la coque.
Dans 15 à 50 % des cas, on observait alors ces seins qui se présentaient comme deux bombes au garde à vous, lesquelles constituaient sur les plages l’indice visible de prothèses.
Après diverses tentatives pour écraser ces contractures, on a utilisé en couverture de la prothèse du polyuréthanne de manière à empêcher la formation de ces coques ; cette substance, bien que digérée par l’organisme, laissait sur les prothèses une surface texturée. Et la coque ne se formait plus. On a alors fabriqué directement des prothèses texturées et, eureka ! l’identification de ces implants est devenue mission impossible. À la plage, les seins se balancent d’une manière tout-à-fait naturelle.
Quant à la question d’une poitrine qui paraîtrait étonnamment juvénile sur une personne marquée par le temps et pourrait encore trahir, en quelque sorte, une pièce rapportée, il faut se garder d’y répondre trop vite. Il arrive en effet que des femmes avancées en âge gardent leur poitrine de jeunesse, sans être passée par la main du chirurgien. »
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