La santé en librairie
Pédagogie contre terrorisme
On pouvait s'attendre au pire, dans le genre « faisons-nous peur », à voir le titre du petit livre de Roland Moreau, médecin et biophysicien de formation et inspecteur général des Affaires sociales : « la Menace terroriste, nucléaire, biologique, chimique ».
Sur 116 pages, on trouve certes largement de quoi annihiler la planète et ses habitants : armes radioactives, fussent-elles rudimentaires, explosion de centrales nucléaires prises comme cibles, bacilles en tous genres du charbon à la peste, virus variolique de préférence, toxines surtout botulique, toxiques chimiques suffocants, vésicants, neurotoxiques on ne peut plus performants, sont soigneusement répertoriés par l'auteur.
Mais Roland Moreau, loin de « céder à un catastrophisme post-humaniste » ou d'appeler à la panique, a au contraire pour objectif de participer à la prévention du pire, dont le premier aspect « consiste... à connaître concrètement la menace NBC et les moyens de s'en protéger, avant la survenue d'un acte terroriste ». Dans ce but, il examine les réalités d'un il critique. L'histoire donne une première mesure des risques : Hiroshima ou Tchernobyl ont été pleins d'enseignements, l'utilisation de la peste ou de la variole pour se défaire de ses ennemis ne date pas d'hier, et les dégâts dus à l'ypérite ou au gaz sarin ont pu être observés au siècle dernier. Et si l'auteur recense les différentes techniques de destruction, c'est pour en mesurer d'une part les possibilités d'utilisation par des terroristes et d'autre part l'impact réel, en termes de mortalité et de morbidité, de dégâts environnementaux à l'échelle des populations, comme en termes de pathologie à l'échelle des individus.
Or à l'impact physique, s'ajoute un impact psychologique, parfois aussi important, voire plus important, sur lequel les terroristes comptent beaucoup. Un public averti de ces réalités, ainsi que des moyens de protection et de traitement opposables à chaque type de menace, est alors en mesure de réduire la portée de « la menace terroriste ». Et l'auteur souhaite vivement pour terminer que soient mis en place en France « une pédagogie de la crise, une politique et un programme » qui aillent dans le sens de ce qui est à son sens « la seule véritable prévention de la menace terroriste ».
« La Menace terroriste », Roland Moreau, éditions du Rocher, 117 pages, 12 euros.
Du bon usage du sport
Quoi, le sport ferait lâcher les curs, forcerait les artères, briserait les os, agresserait les cartilages, bloquerait les dos, secouerait les tripes, épuiserait les fabriques d'hormones, stresserait et déprimerait les cervelles ? Alors que de savants chercheurs nous démontrent tous les jours un peu mieux les méfaits de la sédentarité sur chaque appareil de l'organisme ?
Il faut décidément l'admettre, en cette matière comme en bien d'autres, c'est le juste milieu qui a raison, le Dr Stéphane Cascua, médecin du sport à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, le souligne une fois de plus dans son livre.
Sans pitié, il nous fait d'abord assister à la mort subite, si banale, d'un sportif surmené ou à la rupture d'anévrisme d'un marathonien débutant. On s'émeut moins de la fracture de fatigue d'un randonneur un peu trop endurant, ou même du « genou de vieillard » d'un jeune footballeur de l'extrême, mais de telles histoires ont de quoi faire réfléchir les sportifs les plus exaltés... et peut-être achever de convaincre les ennemis du mouvement de la sagesse de leur choix.
Il faudrait toutefois, pour rester convaincus, que ces derniers arrêtent leur lecture à ces récits inquiétants, placés en général en ouverture de chapitre. Car si l'auteur décrit la clinique et la physiopathologie des méfaits du sport, il passe encore plus de temps à expliquer les règles de bon usage de l'exercice physique, pour des bienfaits tout aussi indiscutables que les risques. Ce qui donne des fins de chapitre tout aussi réconfortantes que les débuts ont été affolants, pleins de curs rajeunis, de tensions artérielles normalisées, d'os solidifiés, d'articulations préservées, de dos redevenus muets, de justes sécrétions hormonales, bref, de vies sociales, culturelles, professionnelles et familiales améliorées par le sport bien compris.
« Le sport est-il bon pour la santé ? », Dr Stéphane Cascua, éditions Odile Jacob, 242 pages, 20,60 euros.
Maîtriser son stress
Bien que ni les menaces terroristes ni le monde qui décidément ne va pas comme on le voudrait ne semblent faire partie des origines du stress selon Allen Elking, peut-être les conseils de ce médecin américain, également psychologue et consultant en entreprise, pourraient aider ceux qui tremblent devant un avenir bien sombre.
Fidèle à « l'esprit des nuls », collection qui a fait ses premiers pas avec les nuls en informatique pour travailler ensuite à déculpabiliser toutes sortes de « nuls », l'ouvrage se veut éminemment pratique et recourt volontiers à l'humour, arme particulièrement intéressante contre le stress. S'attachant finalement à revoir tout le mode de vie des stressés, il fait une part modeste aux aspects biologiques et physiopathologiques, tout en mettant aux deux premiers rangs des raisons de gérer son stress, « une meilleure santé » et « probablement une plus longue durée de vie ».
« Gérer votre stress pour les nuls », Dr Allen Elking, First Editions, 380 pages, 21,90 euros.
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