Avec 281 086 inscrits à l’Ordre en ce mois de janvier (tous modes d’exercice, praticiens actifs et retraités), « il n’y a jamais eu autant de médecins », a annoncé le Dr Jean-François Rault, président de la section santé publique et démographie médicale du CNOM, lors des états généraux de la dermatologie.
Mais ce record global ne profite pas à toutes les spécialités. Le contingent de dermatologues a reculé de 6,4 % entre 2007 et 2014 pour atteindre 3 546 praticiens au 1er janvier 2015. Les perspectives ne sont guère plus reluisantes à moyen terme avec une baisse estimée de 4,6 % des effectifs des dermatologues d’ici à 2020.
Galère
Dans cette spécialité, la tension démographique n’est pas sans lien avec le mode d’exercice qui n’évolue qu’à la marge, avec une prédominance du secteur libéral. « Dans beaucoup de spécialités, il y a à peu près la même proportion d’exercice libéral et salarié, mais en dermatologie, c’est 85 % des inscrits en libéral dont 22% d’exercice mixte », pointe le Dr Rault. Or, les jeunes boudent de plus en plus cet exercice en ville, méconnu au cours de la formation initiale et donc qui inquiète. Quant à la rémunération, avec 72 600 euros de BNC moyen (chiffres CARMF), les dermatologues, comme la majorité des cliniciens, restent mal placés dans l’échelle des revenus médicaux.
Les états généraux ont montré l’inquiétude croissante du terrain. « Parmi les dermatologues inscrits, beaucoup ne travaillent pas. Il n’y a pas un jeune qui veut s’installer et nos clientèles sont invendables ! On attend des solutions », a clamé une dermatologue de secteur I, installée depuis 26 ans en région bordelaise. La crainte de « rester dans une galère énorme jusqu’à 65 ans » semble partagée.
Regroupement et maîtrise de stage
Selon le Dr Rault (Ordre national des médecins), la solution passe en partie par l’exercice regroupé. « Essayez d’exercer dans un local commun. Et dans les zones où il n’y a plus assez de dermatologues, imaginez de nouvelles organisations incluant la télémédecine », a-t-il suggéré. Côté formation, un autre enjeu est d’avoir des dermatologues maîtres de stage en nombre suffisant afin de permettre aux jeunes de découvrir la pratique en cabinet libéral. « Moi je veux bien mais ils ne veulent pas venir », a objecté un spécialiste désabusé.
Il faut aussi savoir se remettre en question, ont relevé plusieurs praticiens. « On a besoin d’évoluer dans notre activité pour faire venir des collaborateurs ou des associés », souligne ainsi le Dr Frédéric Renard, dermatologue à Charleville-Mézières. Après vingt années dans le même cabinet, il a choisi de s’installer dans une zone franche « avec moins de charges pour des locaux plus grands », ce qui a permis d’attirer trois associées. Aux yeux du Dr Michel Colomb, dermatologue à Reims, la préservation d’une certaine qualité d’exercice suppose pragmatisme et souplesse. « On peut s’installer et se réinstaller plusieurs fois dans une vie. Entre la première installation et la fin de carrière, il y a un grand parcours qui s’adapte au changement du monde. C’est la force de la médecine libérale de ne pas être figée ! », conclut-il, optimiste.
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