Comme le rappellent L. Beraneck et C. Thepot (1), si les métastases osseuses (MO) distales (par définition au-delà du coude et sous le genou) sont rares (4 % des séries de MO), les acrométastases (mains ou pieds, exceptionnellement les deux) sont rarissimes (de 0,007 % à 0,3 % des séries).
Deux mots d'histoire : les MO distales sont connues depuis 1870 ; la première métastase à la main a été rapportée par Handley en 1906 et la première au pied a été décrite en 1920.
Aux membres supérieurs, « l'atteinte est surtout phalangienne : de 65 à 85 % des cas d'acrométastases », expliquent les auteurs ; l'atteinte du carpe est souvent, au début, mono-ostéitique ; l'avant-bras est touché dans 20 % des cas.
Aux membres inférieurs, les deux os de la jambe sont plus souvent touchés que le pied ; dans les os du pied, le calcanéum arrive largement en tête.
Une localisation simultanée aux mains et aux pieds est exceptionnelle ; le premier cas a été rapporté par Barnett en 1969 (cancer rénal) ; en 1998, on ne comptait qu'une vingtaine de cas dans la littérature.
La plupart du temps, la lésion est unique, ostéolytique, avec souvent des signes évidents de malignité : envahissement des parties molles, rupture de la corticale. Il y a peu de réaction périostée ou d'ostéoarthropathie hypertrophiante, précisent les auteurs.
Rarement révélatrice d'un cancer
La métastase osseuse distale est rarement révélatrice d'un cancer ; le plus souvent, elle survient lors de la surveillance d'un cancer connu. Aux membres supérieurs, le cancer du poumon est en cause dans plus de 50 % des cas ; vient ensuite le cancer du sein.
Cette notion est intéressante car les principaux pourvoyeurs de métastases osseuses en général sont, par ordre de fréquence, le cancer du sein, le cancer de la prostate, puis, seulement, le cancer du poumon.
En cas de métastase distale au membre inférieur, un cancer sous-diaphragmatique est en cause : rein, vessie recto-côlon, estomac, oesophage, col utérin.
Avec quoi peut-on confondre une acrométastase ? « L'aspect inflammatoire local, très marqué aux doigts, fait souvent porter le diagnostic initial de pathologie infectieuse : panaris, phlegmon, ostéite, arthrite septique », indiquent les auteurs. Sur le plan radiologique, on peut discuter une dystrophie, une tumeur bénigne, voire un ostéosarcome.
Le pronostic « est réputé mauvais malgré les traitements appliqués », soulignent les auteurs. « Pourtant, ajoutent-ils, nous pouvons faire état, dans un cas d'adénocarcinome pulmonaire, d'une survie de vingt-huit mois, avec survenue, lors de l'évolution, de métastases au pied, et, pour un cancer de la vessie révélé par des métastases métatarsiennes, d'un recul de plus de deux ans. » Cela dit, ils signalent un cas de cancer épidermoïde du poumon révélé par une métastase unique à la main, dans lequel le patient est décédé en sept mois.
« La survenue de métastases distales est rarement révélatrice de cancer. En cas d'atteinte ostéolytique de la main, il convient avant tout de rechercher un cancer du poumon, présent dans 50 % des cas et, en cas d'atteinte du pied, qui est plus rare, un cancer siégeant en sous-diaphragmatique, comme le côlon, le rectum et les reins, le poumon étant ici beaucoup plus rare », concluent les auteurs.
(1) Hôpital sud-francilien, site de Corbeil, Corbeil-Essonnes.
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