UN RAPPORT RECENT de l'Anaes (1) et une enquête réalisée par le syndicat de la radiologie hospitalière (SRH) dans les hôpitaux publics (2) ont permis de faire l'état des lieux de la téléradiologie dans notre pays. Tous constatent l'extrême disparité de l'application de cette activité. Sur les vingt régions de la métropole qui ont répondu au SRH, « cinq ne connaissent pas de structure organisée, deux utilisent des moyens sommaires pour des télétransmissions ponctuelles pour la neurotraumatologie, quelquefois même sans aucune intervention des services de radiologie et treize autres ont des structures plus élaborées ». Parmi ces dernières, trois disposent de réseaux reconnus : l'Ile-de-France avec son réseau Télif, le Languedoc-Roussillon et son réseau Télurge, ainsi que le Nord et son réseau éponyme. D'autres régions sont moins bien loties dans ce domaine. Le syndicat remarque, par exemple, que l'Auvergne ne fait que des téléconsultations ponctuelles sans organisation particulière, qu'il existe un projet en Corse pour la fin de cette année, ou encore que, en Poitou-Charentes, « le dispositif mis en place en 1991 ne fonctionne plus ».
Outre-mer, seule La Réunion se distingue par un équipement correct, avec un Pacs dans ses quatre hôpitaux, un bon fonctionnement entre Saint-Paul et Saint-Pierre, et la possibilité, pour plusieurs spécialistes (réanimateurs, neurochirurgiens, radiologues, urgentistes, neurologues), de visualiser les examens des autres sites. Un exemple peut-être à suivre, estime le SRH.
Inégalités dans les applications.
A ces inégalités régionales s'ajoutent des disparités concernant les applications.
« Nous faisons de la téléradiologie surtout dans le cadre des urgences neurochirurgicales », indique ainsi le Pr Pruvo. En 2000, note le rapport de l'Anaes, presque toutes les régions avaient une application dans les CHU de transmission de scanner pour traumatismes crâniens. De fait, la communication d'images de scanner entre urgentistes et neurochirurgiens fonctionne bien, comme l'atteste notamment l'expérience de Lille, qui compte 1 800 transferts de scanner cérébral réalisés par quinze hôpitaux dans le cadre des traumatisme crâniens et des hémorragies cérébrales (pour une région de 4 millions d'habitants). « Le projet lillois, mis en place il y a dix ans, est arrivé à maturité. Mais c'est uniquement du téléphone à image. » L'enquête du SHR montre qu'il en est de même pour les réseaux Télif, dont les 2 500 dossiers traités en 2002 concernent presque uniquement la neurotraumatologie, et Télurge, dont l'activité porte uniquement sur les urgences neurologiques et neurochirurgicales.
Dans le domaine de la téléexpertise entre radiologues et cliniciens, la volonté existe, mais les moyens informatiques sont insuffisants, ce qui entraîne des difficultés lors de la transmission, bien ressentie par les radiologues et les manipulateurs. « Les systèmes informatiques actuels sont trop contraignants », note le Pr Pruvo. L'enquête faite dans les hôpitaux publics pointe aussi du doigt l'ancienneté de nombreux systèmes, vieux de dix ans, qui « n'ont pas été remis au goût du jour, entraînant une perte de temps importante dans les transmissions et la numérisation ». L'occasion de rappeler que l'équipement des hôpitaux français en sources entièrement numériques et en Pacs est loin d'être systématique.
Enfin, le problème de la rémunération reste à résoudre. « À l'heure de la tarification à l'activité, prévient le Pr Pruvo, les téléradiologistes ne feront pas d'actes gratuits. » Le rapport Anaes le conçoit, puisqu'il évoque une reconnaissance de l'activité de téléimagerie, « notamment par le biais d'une codification, a minima au sein des systèmes d'information hospitaliers et, éventuellement, à terme, en tant qu'acte de la Ccam ».
* D'après un entretien avec le Pr Jean-Pierre Pruvo, hôpital Roger-Salengro, Chru, Lille.
(1) Etat des lieux de la téléimagerie médicale en France et perspectives de développement. Juin 2003.
(2) Cart P. SRH info, 2004, 3e trimestre : 7-8.
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