Tout le monde avait annoncé une journée de pagaille monstre, jusque dans les cabinets médicaux, mais force est de constater que ce premier lundi de Pentecôte « de solidarité » n'aura créé de panique ni chez les médecins libéraux ni, surtout, chez leurs patients. Pour Michel Chassang, président de la Csmf (Confédération des syndicats médicaux français), « un cabinet médical sur deux était fermé à Paris en ce lundi de Pentecôte, et environ un sur trois en province ». Selon les estimations du « Quotidien », si la proportion d'ouverture des cabinets semble être sensiblement moindre, la demande de soins a été très calme en ce lundi de Pentecôte. Tous les médecins au travail ont en effet précisé que cette journée était « plus calme que d'habitude ». Un médecin niçois joint au téléphone a même tenté une explication : « On a tous entendu dire à la radio que, en ce lundi de Pentecôte, les médecins pourraient appliquer des majorations. Si bien que je pense que les patients ont préféré attendre demain. »
Quant à ces fameuses majorations, elles auront apparemment divisé pour rien les syndicats médicaux. Sur cette question, la Csmf et le SML (Syndicat des médecins libéraux) avaient tenu tous les deux le même langage : soit le médecin ouvrait son cabinet comme un lundi ordinaire et pratiquait les honoraires de semaine habituels, soit il fermait son cabinet et participait à la permanence des soins, auquel cas il était en droit de pratiquer les majorations prévues. En revanche, à MG-France, le Dr Costes estimait que « le lundi de Pentecôte restant légalement un jour férié », les praticiens conventionnés devaient « appliquer les majorations légales des actes effectués un jour férié ». Selon le pointage rapide effectué par « le Quotidien », aucun des médecins joints n'a appliqué de majorations. Un médecin de Floirac, en Gironde, a même tenu à préciser : « On oblige mes patients à travailler pour rien ou à faire grève avec diminution de salaire, je ne vais pas en plus leur demander de payer plus cher ! » Majorations appliquées ou non, le Dr Costes n'en démord pas : « Les caisses ont fait pression sur les médecins pour qu'ils n'appliquent pas de majorations en ce lundi. M. Van Roekeghem leur a dit que la convention ne prévoyait pas de majorations, sauf dans le cas des astreintes, c'est faux ! La communication de l'Uncam [Union nationale des caisses d'assurance-maladie] est délibérément fausse, Frédéric van Roekeghem fait de l'idéologie. »
Du côté de la garde.
Du côté des médecins qui ont assuré la permanence des soins, les pratiques ont été en revanche plus variées. A la Garde médicale de Paris, le Dr Dominique Monchicourt témoigne : « Nous avons constitué une liste de garde d'une vingtaine de médecins, mais nous ne nous sommes pas considérés comme étant de garde. Nos cabinets étaient ouverts ; le Samu et les pompiers pouvaient donner nos adresses à des patients qui ne savaient à quel médecin s'adresser. Pour nous, ce lundi était un jour comme les autres et nous n'appliquions aucune majoration. » Mais le Dr Monchicourt reconnaît qu'il y avait peu de patients : « Mon cabinet est sur la liste de garde, et je n'ai reçu qu'un appel », indiquait-il dans l'après-midi de lundi. A SOS-Médecins, autres mœurs, on appliquait « strictement les textes » et donc les majorations.
Le Dr Serge Smadja, secrétaire général de SOS-Médecins France, précise que la Ddass (Direction départementale de l'action sanitaire et sociale) a demandé à SOS de « se mettre en configuration de week-end », c'est-à-dire de prévoir un nombre suffisant de médecins pour répondre au surplus habituel d'activité des fins de semaine. « Quant à la Cnam [Caisse nationale d'assurance-maladie], ajoute le Dr Smadja, elle a fait le distinguo entre le médecin libéral qui ouvre son cabinet et qui ne doit pas percevoir de majorations, et le médecin de garde qui peut appliquer les majorations de jour férié. » Si bien que lundi, une visite de SOS-Médecins coûtait au patient 42,60 euros. Quant à l'activité parisienne de SOS, toujours selon le Dr Smadja, elle a été « un peu plus forte qu'un jour de semaine, mais un peu moins qu'un samedi ou un dimanche ».
Enfin, du côté des maisons médicales de garde, que ce soit celle de Gap ou celle d'Ambérieu-en-Bugey, toutes deux ont fonctionné comme un jour de week-end : ouvertes de 8 heures à minuit et pratiquant les majorations habituelles.
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