Programmes multisectoriels contre le VIH/SIDA

Peu de budgets dédiés aux femmes

Publié le 15/11/2012
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LA LECTURE du rapport du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA) sur l’épidémie mondiale de sida 2010 (1) est édifiante à cet égard. On y apprend que « les femmes sont incluses dans les stratégies contre le VIH, mais [que] les allocations budgétaires sont insuffisantes ». Parmi les 171 pays qui ont fourni des informations sur ce sujet, 80 % déclarent avoir inclus « les femmes comme élément spécifique d’une stratégie multisectorielle contre le VIH ». Ce pourcentage varie selon les régions. Avec plus de 90 %, l’Afrique subsaharienne (42 pays) suivie de l’Amérique Centrale et du Sud (19 pays) se placent en tête (cf. figure). L’Amérique du Nord et l’Europe occidentale et centrale (34 pays) sont les moins bons élèves.

Moins de la moitié des pays.

Si, tous pays confondus, les données d’inclusion des femmes dans les programmes peuvent être considérés comme corrects, il n’en est pas de même quand on regarde les budgets dédiés aux femmes. En effet, moins de la moitié des pays (46 %) a « un budget spécifique pour les activités en rapport avec le VIH pour les femmes ». Avec, là encore, des disparités importantes selon les zones géographiques (voir figure). Dans ce domaine, les meilleures performances sont observées dans les pays de l’Afrique sub-saharienne : « Trois quarts des pays y consacrent un budget, indiquant une plus grande conscience du besoin et des avantages des ripostes au sida centrées sur les femmes », commentent les auteurs du rapport. Avec des allocations budgétaires spécifiques dans, respectivement, moins de 20 % et environ 25 % des pays, l’Océanie et l’Europe occidentale et centrale font pâle figure. Il y a donc beaucoup d’efforts à faire au niveau européen pour des programmes avec des financements spécifiques à la population féminine.

Plaidoyer pour l’égalité des sexes.

Pourtant, la grande majorité, voire la totalité, des pays sur tous les continents reconnaît que « les femmes représentent une composante spécifique du plan stratégique national » (1). Et toutes les institutions impliquées dans la lutte contre l’infection à VIH reconnaissent la grande vulnérabilité des femmes à l’infection et plaident pour l’égalité des sexes. Au niveau mondial, l’ONUSIDA estime ainsi que, « pour réaliser les objectifs d’accès à la prévention, au traitement, aux soins et à l’appui en matière de VIH, la riposte au sida doit être axée sur les femmes et les filles et disposer d’un budget dédié à leurs besoins » (1).

Les femmes dans le plan 2010-2014.

En France, la mise en place « des actions d’éducation pour la santé en direction de publics spécifiques », dont les femmes, est la première mesure du Plan national de lutte contre le VIH-SIDA et les infections sexuellement transmissibles (IST) 2010-2014 (2). « Pour être efficaces, indique le Plan, les actions de prévention se doivent d’intégrer une approche genrée pour renforcer l’autonomie des femmes et faire évoluer les représentations et les comportements des hommes et des femmes ». En ce qui concerne la prévention, il recommande la promotion du préservatif féminin, qui « demeure mal connu et peu conseillé par les professionnels de santé » alors qu’il est le « seul outil de prévention actuellement disponible dont les femmes ont la maîtrise ». Enfin, le plan préconise des actions de soutien communautaires visant à « faciliter l’intervention de médiateurs formés, renforcer l’appropriation des stratégies de prévention par les femmes migrantes [population de femmes la plus touchée par l’infection à VIH (3)] et lever le tabou sur l’homosexualité entre hommes et entre femmes, et sur la bisexualité parmi les populations migrantes ».

(1) ONUSIDA (Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida) Rapport mondial 2010. Chapitre V : Droits de l’homme et égalité des sexes. PP 120-143. http://www.unaids.org/globalreport/Global_report_fr.htm

(2) http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/plan_national_lutte_contre_le_VIH-SIDA…

(3) Cazein F et al. Dépistage du VIH et découvertes de séropositivités, France, 2003-2010. Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire 2011 ; 43-44 : 446-54.

Dr CATHERINE FABER

Source : Le Quotidien du Médecin: 9190