REFERENCE
YERSINIA PESTIS
Mortalité
Particulièrement pathogène, Y. pestis peut être responsable de peste bubonique (70 % de mortalité en moins d'une semaine) et de peste pulmonaire (100 % de mortalité en quelques heures à trois jours). En France, des cas importés existent (peste bubonique et pulmonaire), sans oublier les risques de bioterrorisme.
Bubon très douloureux
Les signes cliniques de la peste bubonique sont : une incubation de quelques jours, la présence d'un bubon très douloureux, et une altération profonde de l'état général. L'incubation de la peste pulmonaire est d'environ 48 heures.
Expectoration sirop de framboise
L'atteinte de l'état général est brutale et marquée (en 20-24 heures) et les signes pulmonaires apparaissent après 24 heures (toux, expectoration d'aspect « sirop de framboise », dyspnée souvent intense avec tachypnée, douleurs thoraciques plus ou moins intenses).
Le diagnostic sera fait sur l'examen direct, la culture et l'inoculation sous-cutanée à la souris ou au cobaye (expectorations, aspiration de bubons ou aspiration bronchique, prélèvements post-mortem). Une sérologie (ELISA) ainsi que des tests plus rapides (PCR, bandelettes d'immunochromatographie) peuvent également être utiles.
Traitement de toute urgence
Le traitement doit être mis en route de toute urgence. Il consiste en un traitement antibiotique et un traitement symptomatique (réanimation, réhydratation, assistance respiratoire, surveillance de la fonction rénale...). Le traitement antibiotique repose sur la streptomycine I.M. pendant dix jours (adulte : 1 g toutes les douze heures ; enfant : 30 mg/kg/jour, sans dépasser la dose journalière totale de 2 g) ; le chloramphénicol (50 mg/kg/jour per os ou I.V.) dans les formes méningées ; les tétracyclines (2 g/j per os chez l'adulte, souvent associées à un autre antibiotique) ; enfin, l'efficacité de la gentamycine et des fluoroquinolones n'a pas été testée dans la peste humaine.
Mesures préventives
Des mesures préventives sont indispensables en cas de peste pulmonaire. En premier lieu, des mesures physiques : isolement du malade, port de masque, gants, lunettes et blouses pour le personnel soignant ; déclaration obligatoire. Une chimioprophylaxie des sujets contacts doit également être instituée : sulfaméthoxazole/triméthoprime per os (adulte : 1,6 g de sulmaméthoxazole en deux prises ; enfant : 40 mg/kg de sulfaméthoxazole en deux prises ; enfant âgé de plus de 9 ans : de 25 à 50 mg/kg/jour en deux à quatre prises) ; doxycycline per os : de 100 à 200 mg/kg/jour en deux prises (adultes et enfant de plus de 9 ans). Enfin, il n'existe pas de vaccin efficace et bien toléré contre la peste.
YERSINIA ENTEROPATHOGENES
Diarrhée, douleur abdominale, fièvre
Les deux Yersinia entéropathogènes : Y. enterocolitica et Y. pseudotuberculosis se rencontrent dans les pays tempérés et froids. Ils sont une cause fréquente (mais largement sous-estimée) de diarrhée, surtout chez le jeune enfant. En France, Y. enterocolitica est plus fréquent que Y. pseudotuberculosis.
Les signes cliniques sont une fièvre accompagnée de diarrhée ( Y. enterocolitica), et de douleurs abdominales ( Y. pseudotuberculosis).
Complications secondaires
Des complications secondaires peuvent se rencontrer : arthrites réactionnelles (HLA B27), érythème noueux, chocs septiques post-transfusionnels ( Y. enterocolitica), formes pseudo-tumorales ( Y. pseudotuberculosis), septicémies (surcharge en fer).
Le diagnostic des Yersinia entéropathogènes est bactériologique (examen direct et culture sur prélèvement de selles, sang et ganglion) et sérologique (microagglutination, ELISA) qui se positive de six à dix jours après le début de l'infection.
Traitement
Le traitement curatif n'est pas nécessaire dans les formes légères. Dans les formes modérées, une antibiothérapie sera mise en route après antibiogramme, du fait d'une résistance naturelle de Y. enterocolitica aux bêtalactamines et aux céphalosporines de 1re génération, et de Y. pseudotuberculosis aux polymyxines. Les fluoroquinolones seront prescrites dans les formes septicémiques. Le traitement préventif repose sur les mesures d'hygiène et alimentaire.
D'après la communication d'Elizabeth Carniel (laboratoire des Yersinia, Centre national de référence, centre collaborateur de l'OMS, Institut Pasteur), lors des 45es Journées de biologie clinique Necker - Institut Pasteur.
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