L’instabilité pondérale obéit-elle (aussi) à un rythme saisonnier ? Oui, répond la rumeur, qui se vérifie chaque année avec un pic de la courbe de poids à la sortie de l’hiver et son infléchissement sous le soleil de l’été.
Un yoyo de la balance, un stop and go graisseux dont plusieurs facteurs concourent à l’explication : l’hiver, on fait du gras pour assurer la thermorégulation de l’organisme. Le besoin de se réchauffer avec des plats roboratifs s’accompagne d’une envie de se faire plaisir avec des produits sucrés, une récompense par la pâtisserie ingérée comme un antidépresseur. Le bilan calorique qui s’ensuit est d’autant plus net que le mode de vie hivernal est plus sédentaire. Le cocooning au coin du feu est propice au stockage des graisses. Bouger moins pour éliminer moins.
L’été, les deux phénomènes s’inversent : le besoin d’accumuler des graisses et des sucres s’estompe, l’appétit se modérant en mangeant moins, peut-être sous l’action de certaines hormones, comme la décroissance du taux de mélatonine observée l’été, alors qu’il s’élève en hiver. Dans le même temps, les beaux jours stimulent l’envie et le goût de l’exercice physique, propice au déstockage calorique. Sans oublier les mécanismes liés au niveau d’hydratation : moins l’organisme est hydraté, plus le corps retient l’eau. Et la recrudescence des régimes alimentaires en vue de l’exposition du corps sur les plages des vacances conforte cette réalité : on pèse moins lourd l’été.
L’Institut national de la santé américain a vérifié la réalité de la prise de poids hivernale chez 195 adultes en bonne santé. Par rapport au poids de l’année précédente en septembre, ces sujets ont présenté une prise de poids moyenne d’un demi-kilo environ lorsqu’ils étaient pesés au mois de février. En revanche, entre le poids qu’ils faisaient en février et celui du mois de septembre suivant, la modification était moins significative. Cette surcharge pondérale hivernale est certes moins accusée que celle accréditée par la rumeur, mais elle n’en reflète pas moins la réalité. (Yanovski J.A., et al. 2000. A prospective study of holiday weight gain. N Engl J Med 342 : 861-867).
Dr Yves Le Goff, maladies de la nutrition, Saint-Brieuc
Pr Jean-Claude Carel, chef du service d’endocrino-pédiatrie à l’hôpital Robert-Debré
« En dehors des modes comportementaux, une chronobiologie saisonnière semble bien agir sur le poids. En l’absence d’études disponibles, quelques pistes peuvent être suggérées, comme l’effet de l’éclairement de la rétine et le processus de photostimulation qui modifie des neuromédiateurs comme la sérotonine , une hormone qui agit sur le système digestif et la régulation des fonctions de thermorégulation.
On peut aussi évoquer le rôle de la mélatonine qui interviendrait dans l’appétit et est associée à l’augmentation du risque d’obésité. Enfin, des hormones thyroïdiennes sont davantage secrétées sous l’action du froid, comme l’adrénaline, qui régule le métabolisme des protéines, des lipides et des glucides. »
« Ces pistes endocriniennes restent à explorer », comme le souligne le Pr Jean-Claude Carel.
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