C'est clair, le vieillissement continu de la population n'arrange pas les affaires de l'assurance-maladie, dont les comptes sont déjà largement dans le rouge.
C'est le constat d'une étude de la CNAM qui note que, si aujourd'hui ce phénomène reste limité, les perspectives d'avenir sont beaucoup plus inquiétantes. Ainsi, écrit-elle, « bien que la consommation médicale croisse avec l'âge, la part que représentent les dépenses des personnes âgées dans la dépense totale du régime général n'est pas très importante (sous-entendu aujourd'hui), car les personnes âgées ne sont pas encore très nombreuses. Mais dans la perspective du vieillissement rapide de la population dans les années à venir, cet équilibre va-t-il pouvoir être préservé ?»
L'effet génération
Pour les auteurs de cette étude, poser la question, c'est déjà presque y répondre : il est à craindre une forte progression des dépense de santé des personnes âgées au cours des prochaines années. Non seulement parce que le vieillissement va prendre de plus en plus d'ampleur, mais surtout parce que ces personnes se sont habituées tout au long de leur vie active et ensuite à se soigner et à consommer des médicaments. C'est ce que l'assurance-maladie appelle « l'effet génération ». D'autres pourraient expliquer ce phénomène par le fait que les progrès sanitaires et sociaux font que les personnes âgées, très au fait des progrès médicaux, sont de plus en plus nombreuses à vouloir profiter des dernières innovations et des dernières découvertes. Ainsi, en 2000, note d'ailleurs l'assurance-maladie, « le niveau de soins dispensés à une personne de 75 ans à 80 ans est pratiquement le double de ce qu'il était huit ans auparavant ». Preuve d'une demande accrue de soins médicaux. Et confirmation : il faut y voir, poursuit cette étude, « l'effet continu du progrès médical qui, pour de nombreuses pathologies, permet des traitements de plus en plus efficaces mais qui sont souvent coûteux ».
Difficultés supplémentaires pour les comptes de la Sécurité sociale mais non pour la santé des Français, cet effet génération, mis en avant par l'étude de l'assurance-maladie, devient « net à partir de cinquante ans et croît très rapidement ensuite. Et son impact sur les dépenses de santé pourrait être majeur dans le prochaines années ».
Les personnes âgées, poursuit cette étude, sont fréquemment affectées par des pathologies qui font l'objet de progrès techniques majeurs mais coûteux. C'est le cas, bien sûr, de la maladie d'Alzheimer ou de l'hypertension. Face à ces problèmes se pose la question de la prévention, pour éviter que ces maladies ne se généralisent. « Si les innovations thérapeutiques, poursuit cette étude , se concentrent sur des générations plus jeunes, parallèlement à un effort accru de prévention de ces pathologies tardives, leur coût pourrait rester modéré à l'avenir. » A l'inverse, « si ces innovations continuent à se concentrer sur les générations plus âgées, les comportements de consommation observés dans cette étude, devraient aller en s'amplifiant ».
Une analyse qui ne manque pas d'inquiéter sur l'avenir des comptes de l'assurance-maladie. Même s'il est vrai, comme le notent les caisses, que la consommation médicale des personnes âgées tend à diminuer dans la période qui précède le décès. Certes, ce phénomène n'est pas toujours compréhensible mais il reste, comme le note l'assurance-maladie, que la durée moyenne de la vie tendant à augmenter, « cette décroissance de la consommation médicale en fin de vie peut constituer un facteur de relative modération des dépenses de santé ».
Il faut cependant avoir à l'esprit les données que doit rendre publiques la Cour des comptes dans les prochains jours (« le Quotidien » du 17 juillet) : si, en 2001, explique ce rapport, les plus de 65 ans représentaient 16 % de la population, ils consommaient 39 % des médicaments prescrits en ville. Avec les problèmes que cela pose en matière d'inter-indications et de iatrogénie médicamenteuse.
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