Conscientes de ce que certains syndromes grippaux peuvent avoir des conséquences graves sur les personnes âgées, les familles de la région niçoise envoient souvent directement aux urgences des parents qui ont « pris froid ». De leur côté, les généralistes ont aussi tendance à faire hospitaliser ces personnes fragiles.
Face à l'engorgement du service de médecine provoqué par ces comportements, le CHU de Nice a ouvert, il y a deux ans, un service temporaire dit de « médecine d'hiver » de 24 lits pendant les mois de janvier et de février : 180 personnes y ont été accueillies en 2000, plus de 200 en 2001 et ce service s'apprête à rouvrir le 4 janvier.
Les hospitaliers souhaitent travailler de plus en plus avec les généralistes, infirmières et kinésithérapeutes de ville, car « si on s'organise bien avec eux, on pourra accueillir plus de patients ». Ils ont donc invité les praticiens libéraux à un colloque sur la complémentarité entre la médecine de ville et l'hôpital pour la prise en charge des personnes âgées l'hiver. Comme le constate le Dr Pierre-Marie Roger, du service des maladies infectieuses du CHU, 45 % des personnes âgées hospitalisées l'hiver en médecine présentent un processus cardiorespiratoire fébrile et 95 % des comorbidités. La moyenne d'âge des personnes accueillies dans ce service d'hiver était de 80 ans.
Le schéma idéal serait, selon les participants au colloque, celui d'un court séjour hospitalier (inférieur ou égal à 48 heures) qui devrait avoir pour but de « personnaliser le programme thérapeutique nécessaire à ces polypathologies avec lesquelles il est difficile de jongler de façon clinique ».
Le traitement, établi en accord entre les spécialistes de l'hôpital et les médecins référents libéraux, pourrait ensuite être appliqué par ces derniers, en liaison avec les infirmiers et les kinésithérapeutes libéraux.
Car la moitié des personnes accueillies dans le service d'hiver étaient dépendantes. Mais tout doit reposer sur une relation de confiance entre la médecine de ville et l'hôpital ; et la nécessité de « changer les mentalités » ou de « modifier la culture médicale » s'impose aux uns et aux autres.
Autre obstacle à l'application de ce schéma d'hospitalisation de courte durée : les problèmes sociaux.
« Quand j'ai une mémé qui a une forte fièvre et personne pour lui donner ses médicaments et la surveiller, j'ai beau savoir comment la soigner, je suis quand même obligé de l'hospitaliser », explique un généraliste. L'humanisation de la prise en charge des personnes âgées - et, au passage, la maîtrise des dépenses hospitalières - ne semble donc possible que si l'on intègre la dimension sociale de la question.
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