Le conseil départemental de l'Ordre des médecins du Gard affirme qu'une enquête a été ouverte pour déterminer les éventuels dysfonctionnements ou fautes, après le décès, le 1er janvier 2003, à Saint-Jean-du-Gard, d'une femme de 66 ans dont la famille a tenté vainement de joindre le médecin de garde.
Prise d'un malaise cardiaque dans l'après-midi, la sexagénaire a prévenu ses proches. Mais ces derniers n'ont jamais pu contacter le Dr Jacques Kuhm, médecin généraliste dont le nom figurait pourtant dans l'encadré de garde du journal local. Ce sont les pompiers qui ont fait intervenir un médecin urgentiste de l'hôpital d'Alès (à 30 km) qui, bien qu'il fût sur place moins d'une demi-heure plus tard, n'a pu sauver la sexagénaire.
« Grosse connerie »
Contacté par le «Quotidien», le Dr Kuhm, 50 ans, accepte de revenir sur cette affaire « relativement complexe , révélée par « le Midi Libre ». « En fait, explique-t-il, le tour de garde de l'année 2002, y compris le 1er janvier 2003, a été établi... en décembre 2001 (entre les 6 généralistes de la commune) . On s'est réparti les week-ends et les jours fériés. Souvent, celui qui prend la garde du week-end prend aussi le jour férié qui suit. Là, j'avais été désigné pour la garde des 28 et 29 décembre 2002, que j'ai faite, mais quand on avait évoqué celle du 1er janvier 2003, j'avais bien dit que je ne voulais pas la faire puisque j'avais déjà fait la garde du millenium, en 2000. Personne n'étant volontaire, cette garde n'a pas été attribuée en décembre 2001 .».
« La grosse connerie dans cette histoire, ajoute le Dr Kuhm, c'est que le tour de garde est parti avec mon nom inscrit pour le 1er janvier ». Si ce malentendu dramatique a été possible jusqu'au bout, c'est parce que les six médecins de Saint-Jean-du-Gard, après s'être réunis le 17 décembre 2002, cette fois pour le tour de garde de l'année 2003, ont décidé d'établir le tableau pour trois mois « sans le communiquer à personne », en signe de protestation, dans le cadre du conflit lié à l'organisation de la permanence des soins. Il s'agissait de provoquer une réquisition préfectorale, qui n'a jamais eu lieu. Le Dr Kuhm explique qu'il est parti en vacances dès le 30 décembre au matin, sans se douter que c'est lui qui figurait au tableau de garde du 1er janvier déposé au SAMU, chez les pompiers et dans la presse locale.
« C'est une succession de dysfonctionnements malheureux à l'issue dramatique », résume le généraliste, qui se sent « responsable mais pas coupable ».
Alors que le bureau du conseil ordinal du Gard devait se réunir hier soir pour examiner cette affaire, le Dr Henri Lapeyrie, vice-président, restait prudent. « Il est incontestable, observe-t-il, qu'il y a eu un dysfonctionnement ponctuel. Mais, à ma connaissance, c'est un problème lié au fait que la liste de garde a été établie un an à l'avance, en incluant le 1er janvier de l'année suivante. Le médecin concerné aurait dit qu'il ne voulait pas prendre cette garde. J'ose espérer que rien n'est délibéré, auquel cas il y aurait une faute grave. »
Nul ne peut affirmer que l'intervention immédiate du médecin aurait pu sauver la patiente. Mais cette affaire, qui n'est pas la première du genre, pose à nouveau la question de l'organisation de la permanence des soins, qui dans un climat très conflictuel, subit régulièrement des défaillances dramatiques.
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